top of page
IMG20230707173456_edited.jpg

Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Isabeau de Limeuil la scandaleuse

Isabelle Artiges

De Borée Vents d'Histoire

2 septembre 2021

371 pages

Biographie

Chronique

25 septembre 2021

" Que l'intérêt est puissant et qu'il est hardi, Quand il peut se convier du prétexte de la religion." Bossuet Biographie romancée excellentissime de l'un des fleurons de ce que Brantome appela les "Escadrons volants" de Catherine de Médicis, j'ai nommé Isabeau de Limeuil. Celle-ci passa à la postérité, entre autres, pour avoir été la maîtresse de Louis 1er de Bourbon, Prince de Condé, oncle du futur Henri IV. La beauté est quelques fois un cadeau empoisonné vous mettant brusquement dans la lumière alors que l'obscurité serait peut-être, en certaines périodes sanguinaires de notre histoire de France, préférable. Cousine par son père de Catherine de Médicis, celle-ci la distingue sur un portrait. La tête bien faite bien qu'inexpérimentée, magnifique jusqu'à inspirer des poèmes superbes à Ronsard, amoureuse certainement de son propre reflet, honorée et flattée par l'attention des courtisans et particulièrement des hommes, Isabeau à seize ans venue avec ses deux sœurs plus ordinaires comme demoiselle d'honneur au château du Louvre, devient bientôt, sans mesurer vraiment les implications néfastes possibles sur son futur, une des espionnes de la souveraine. Toutes celles qui furent choisies par cette dernière pour faire partie de ses escouades n'ont pas forcément eu des mœurs légères ou dévergondées, ni entretenu de relations charnelles avec leur cibles, contrairement aux légendes perpétuées de siècle en siècle. Isabeau, si brillante et unique, fervente catholique, objet de toutes les convoitises et jalousies, est ni plus ni moins "vendue" par ses parents, sacrifiée sur l'autel des ambitions politiques et des intérêts de tous. Pour l'obéissance de leur fille, Gilles de La Tour baron de Limeuil, de Saint-Pierre-d'Oléron, vicomte de Turenne, seigneur de Marsac et de Floyrac, ( excusez du peu), et son épouse Marguerite de Lanquais reçurent de Catherine de Médicis des bourses d'or bien garnies, régulièrement, leur permettant de finir les travaux et les embellissements de leur château. Rendons aux César leurs crimes mais avaient-ils le choix ? Les guerres de religion sont à leur début, les échauffourées puis les violences entre les deux factions ne font que se multiplier et s'envenimer. La souveraine veut préserver la paix coûte que coûte. Quoi de mieux que d'utiliser cette toute jeune fille en la mettant dans le lit du Prince de Condé, protestant, grand ami de Coligny ? Certains hommes, face à une femme séduisante, ne pensent plus avec leur tête... Isabeau est au-delà de la simple beauté. À noter que Catherine de Médicis, qui pourtant dût supporter la présence d'une maîtresse, dame de beauté également, dans la vie de son illustre époux, se gavant de nourriture pour combler un vide abyssal dû à cette trahison maritale, se transforme cependant en " maquerelle " afin d'arriver à ses fins. Peu à peu, les yeux de notre Isabeau s'ouvrent : elle déchante, désespère, hait après avoir aimer. Vous me direz, une biographie de plus, bien tournée, extrêmement bien écrite, parfaitement documentée, et alors ? L'originalité de ce texte provient de la personnalité même de la narratrice : Margot, sœur de lait d'Isabeau en cette année 1610, conte son histoire à des enfants de Lanquais où elle finit sa vie. D'origine modeste, elle est attachante, parle avec le cœur et les tripes, droite toujours, honnête dans ses descriptions de notre héroïne. Elle l'aime en toute connaissance de cause depuis leur premier souffle, elle l'adore tout en ne s'illusionnant pas sur les défauts de la femme : narcissique, égoïste, mauvaise mère, brutale, intéressée, naïve ou aveugle, elle est aussi capable de loyauté, de bravoure, d'intelligence, d'amour et de tendresse véritables. Un portrait tout en clair obscur se dessine peu à peu sous nos yeux, à l'instar d'une des périodes les plus terrifiantes et inacceptables de l'histoire de France, une guerre civile au prétexte fallacieux de défense des croyances religieuses. Margot est notre guide à travers ces heures effroyables... N'attendez pas qu'elle édulcore les faits ou mente sur la vraie personnalité d'Isabeau. Et c'est en cela que ce texte devient unique ! Cette femme présentée comme scandaleuse devient un être de chair imparfait, victime ignorante puis consentante d'un système patriarcal perdurant grâce à certaines femmes, en l'occurrence Marie de Médicis, ayant pourtant dû en souffrir elle-même. Fille du peuple ou de haute lignée, qu'importe, une femme est un objet, une marchandise, un pion ici sur l'échiquier politique. Et tout cela pourquoi, au final ? Isabeau sera-t-elle sauvée ? Roman édifiant et inoubliable en ce qui me concerne. Pages terriblement belles sonnant comme une alarme, un avertissement, afin de privilégier une vision à long terme, fruit de la connaissance de l'Histoire, et éviter d'être utilisé ou sacrifié, encore, aux ambitions de certains.

Quatrième de couverture

Avec ce roman historique, Isabelle Artiges met à l'honneur une femme qui influença le cours de l'Histoire de la France du XVIe siècle, autant par sa beauté que par la finesse de son esprit. Demoiselle d'honneur depuis ses 16 ans, Isabeau de Limeuil la catholique se voit confier par Catherine de Médicis, la mission d'apaiser durablement les humeurs belliqueuses du Prince de Condé, fervent protestant. Dans une période complexe de l'Histoire de France, Isabelle Artiges fait d'Isabeau une actrice essentielle des événements de son temps, ce qu'elle fut !

bottom of page