top of page
IMG20230707173456_edited.jpg

Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Hôtel Castellana

Ruta Sepetys

Gallimard Jeunesse

2020

592 pages traduites par Faustina Fiore

Jeunesse Historique

Chronique

8 août 2020

« Romance poignante et trajectoires tourmentées au coeur du régime franquiste, par l'autrice du best-seller « Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre ».»

« Un roman historique captivant, souvent glaçant, qui brosse un portrait remarquable de l'Espagne fasciste. »


Exceptionnel quant à sa maîtrise, sa sincérité, son respect pour les témoins de cette époque et son exigence historique ! L'auteure fait preuve d'humilité et d'empathie s'effaçant pour mettre à l'honneur les protagonistes réels, incarnés ici par des

doubles fictifs bouleversants.


Les enfants sont au centre de ce roman historique, d'amour, destiné aux adolescents, jeunes adultes et plus.... Un roman qui passe, sans mièvrerie mais avec passion, le témoin de la mémoire, qui rend hommage aux victimes des guerres, après guerres, dictatures, idéologies, aux innocents volés, orphelins ou arrachés à leurs familles, payant les fautes des générations passées ou les convictions et engagements politiques de leurs parents.


C'est aussi un hommage à cette Espagne qui a réussi à se relever de 36 ans de franquisme, mettant en place en 1975 un programme appelé el pacto del olvido ou « pacte de l'oubli », afin de permettre à la démocratie de s'implanter durablement sans plus de violence, de guerre civile. Cela a donné lieu à la libération des prisonniers politiques, principalement républicains ou « rouges », à l'autorisation pour les exilés de revenir au pays mais aussi à octroyer l'impunité à tous ceux qui avaient commis des crimes de 1939 à 1975 au nom du fascisme. Un coup d'éponge et tout est effacé, la page est blanche. Mais l'est-elle vraiment ?


Ce pacte de l'oubli n'est-il pas plus dommageable finalement ? Comment grandir, progresser sans connaître son passé ? Utopique.


Aujourd'hui on sait que le malheur et la douleur s'impriment dans les corps, dans les inconscients et se transmettent dans un silence assourdissant de génération en génération.... On l'a constaté pour des descendants de déportés dont les parents ou grands parents n'avaient jamais voulu parler des heures effroyables passées dans les camps. Mais ces horreurs ressurgissaient chez des innocents nés bien après les faits sous forme de mal-être, de pathologies. Des boulets que l'on tire inlassablement jusqu'à ce que les mensonges ou les blancs soient défaits ou comblés....


Il en va de même pour le peuple espagnol qui ne finit plus de retrouver la mémoire, de dire, de témoigner et d'exiger la vérité et la justice.

Nous ne pourrons jamais comprendre l'indicible....

Ce roman revient particulièrement sur un scandale qui concerne, on pense, 300 000 victimes potentielles disparues ou encore de ce monde. Cela a fait la une des journaux, a donné lieu à des reportages, articles, livres, films... En 2018, la colère et l'exigence de ces enfants d'hier ont atteint son paroxysme.


Ce livre a demandé à l'auteure huit ans de travail, de recherches, de voyages, de réflexions afin de publier une fiction basée sur des faits réels, qui soit authentique, juste, vraie, qui ne se permette pas de parler à la place des Espagnols ou en leurs noms, qui leur redonne leurs voix, leurs droits à se souvenir, à crier, à dénoncer... L'avenir des plus jeunes est à ce prix, et pas seulement dans ce pays mais à l'échelle mondiale.


Mention spéciale également pour l'analyse de Ruta Sepetys quant à la responsabilité des États-Unis qui ont, par leur accords commerciaux et diplomatiques avec Franco, permis au dictateur de rester en place plus longtemps. Les USA, qui se posent inlassablement en sauveur du monde occidental, ont participé indirectement au cauchemar traversé par le peuple espagnol. Enfin, la complicité de certains membres de l'Eglise, sœurs, prêtres, prélats avec le régime fasciste est mise en lumière ; heureusement, certains religieux et justes se sont engagés dans une résistance souterraine...


Je reste floue quant au sujet central afin de respecter la quatrième de couverture courte et succincte.


Les notes finales, les remerciements, les photographies et la bibliographie font partie intégrante et incontournable de ce très beau roman que je conseille évidemment.L'hôtel Castellana vous attend, tout est prêt pour vous recevoir et vous accompagner au mieux tout au long des dix huit ans de l'histoire d'Ana et Daniel, vos guides. Venez feuilleter les pages de l'album du souvenir.

Quatrième de couverture

Madrid, été 1957. Passionné de photographie, Daniel Matheson, 18 ans, découvre l'Espagne à travers l'objectif de son appareil. Il loge au quartier général de la haute société américaine: l'hôtel Castellana, où travaille la mystérieuse Ana Torres Moreno. À mesure qu'ils se rapprochent, Ana lui révèle un pays où la dictature fait régner la peur et l'oppression, hanté par de terribles secrets...

bottom of page