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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Frère d'âme

David Diop

Seuil

2018

175 pages

Roman Historique

Chronique

30 avril 2019

Un grand chant d'amitié plus fort que la mort, une émancipation de la pensée loin des diktats, un jeu de dupes en utilisant le paraître pour être, un passage à l'âge adulte, un enracinement encore plus fort dans sa terre d'origine même au fond des tranchées de la guerre de 14/18. Histoire d'un tirailleur africain, sénégalais venu défendre la mère patrie, la France, à des milliers de kilomètres de son vrai pays, dans le froid, la neige, sous la pluie, dans la boue, la merde, le sang, la chair, encerclés par les Allemands et les rats.


Époque colonialiste où règne encore l'idée de supériorité de la race blanche sur les autres, bêtise et suffisance des autorités assignant le rôle de sauvage avec toute la tripotée de clichés qui accompagnent ce statut... Et tous les africains quoique soit leur ethnie vont accepter de jouer le jeu. Un grand oui pour aller se faire massacrer dès le coups de sifflet du capitaine indiquant la sortie obligatoire de la tranchée. Ce coup de sifflet qui prévient les boches qu'ils vont pouvoir, comme dans une foire, tirer sur des cibles offertes. Oui, être le sauvage, le cannibale de service mais selon les critères des blancs. Où est le civilisé ? Où est le barbare ?


Un événement terrible, la mort de Mademba Diop, l'ami d'enfance, le plus que frère de Alfa Ndiaye va réveiller ce dernier.... Il va refuser par trois fois d'aider Mademba à mourir dans la dignité sans plus souffrir de l' éviscération insupportable qu'il a subie, avec tout le dedans, dehors.... Pourquoi ? Selon quels lois, principes, croyances Alfa commetil cela ? Après le décès de son plus que frère, Alfa devient homme, adulte, libre de penser et de faire ce qu'il veut sans rien en dire à personnes, ni à ses frères, ni aux blancs ? Il va se transformer, appliquant une méthode sauvage, il va faire sa guerre, venger Mademba.... Et là tous ont peur, ne serait-il pas un sorcier ?

L'Afrique colonise tout d'un coup la France par la terreur surnaturelle créée par les camarades sénégalais. Alfa laisse faire, comprend tout, sait tout, enfin...

Entre chant et conte africains traditionnels transmis par Alfa lui-même, un livre envoûtant et terrible, d'une grande beauté, d'une réelle nécessité lorsque l'amnésie est encore de mise aujourd'hui. Ne pas oublier tous ses sacrifiés dans une guerre qui ne les concernait pas. Dans les tranchées, puis revenu en mémoire chez lui avant le conflit, en pleine lumière, dans son village, auprès de la jeune fille qu'il a aimé, une résistance à la boucherie que fut cette première guerre moderne. Magnifique texte lyrique et organique...

Quatrième de couverture

Un matin de la Grande Guerre, le capitaine Armand siffle l’attaque contre l’ennemi allemand. Les soldats s’élancent. Dans leurs rangs, Alfa Ndiaye et Mademba Diop, deux tirailleurs sénégalais parmi tous ceux qui se battent sous le drapeau français. Quelques mètres après avoir jailli de la tranchée, Mademba tombe, blessé à mort, sous les yeux d’Alfa, son ami d’enfance, son plus que frère. Alfa se retrouve seul dans la folie du grand massacre, sa raison s’enfuit. Lui, le paysan d’Afrique, va distribuer la mort sur cette terre sans nom. Détaché de tout, y compris de lui-même, il répand sa propre violence, sème l’effroi. Au point d’effrayer ses camarades. Son évacuation à l’Arrière est le prélude à une remémoration de son passé en Afrique, tout un monde à la fois perdu et ressuscité dont la convocation fait figure d’ultime et splendide résistance à la première boucherie de l’ère moderne.

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