
Éva a lu pour vous ..
Chroniques littéraires
Exil et Deuil
Chahla Chafiq
Metropolis
Le 11 septembre 2025
respectivement 171 et 89 pages traduites par Zeinab Zaza
nouvelles
Chronique
9 novembre 2025

Réunis dans le coffret "Chemins et brouillard" lors de leur première parution en 2005, aujourd'hui épuisé, il était essentiel de les rééditer.
Exil : difficile d'imaginer ce que s'exiler pour raison politique, afin de sauver sa peau, signifie, implique. Quitter son pays aimé basculant dans l'épouvante, comprendre lorsqu'une limite est franchie et qu'une course contre la montre s'enclenche, se mettre en route, trouver un passeur, commencer à mentir, devenir autre, et enfin, après bien des horreurs traversées, arriver à Paris, la ville fantasmée des lumières et de la déclaration des droits de l'homme... Une autre barrière s'érige entre les exilés de toutes nationalités et les Français, forts de leur petite vie bien sécurisée leur conférant l'impression fausse d'être supérieurs. De madame Girard qui profite du malheur de ces déracinés, à celui qui détient le pouvoir de donner son aval ou non à un dossier. Comment ne pas se perdre dans ce pays inconnu, comment préserver son essence, ses coutumes, son mode de penser alors que tout vous bouscule, vous fait chavirer, vous heurte ? Comment survivre matériellement alors que les diplômes d'hier ne sont pas reconnus par cette nouvelle patrie, comment supporter le manque violent de la terre d'origine, comment accepter les nouvelles de ceux qui sont restés et vous ont parfois effacés ?
Avec infiniment de pudeur et de courage, Chahla Chafiq aborde tous ces thèmes si chargés d'émotions et de souffrances dans les 7 nouvelles de ce premier recueil.
Deuil :
Après le deuil d'un pays, d'un passé, l'autrice poursuit son analyse des sentiments en abordant le sujet de la perte d'un enfant, le pire, l'inacceptable. Cependant elle le fait sans tomber dans le pathos, non elle préfère traiter ce thème difficile en choisissant d'autres angles de vue. Se remet-on jamais d'une telle tragédie ? Comment celle-ci vous accompagne au quotidien, dans la plus insignifiante action ou rencontre ? L'ombre de l'enfant perdu plane toujours, sa présence est perceptible ; quand on se prend à vivre presque normalement soudain, un souffle glacé vous tétanise à nouveau de douleur. Le deuil est omniprésent mais n'est jamais le centre des nouvelles. Pourtant celles-ci crient silencieusement la souffrance incandescente et invisible.
Bouleversant !
