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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Elles étaient neuf

Gwen Strauss

Des femmes Antoinette Fouque

29 février 2024

264 pages traduites par Catherine Delaruelle

document

Chronique

5 mars 2024

L'histoire vraie de l’évasion d'un groupe de femmes qui a survécu au pire de l'Allemagne nazie" de Gwen Strauss paru le 29 février 2024 aux Éditions des femmes Antoinette Fouque, 264 pages traduites par Catherine Delaruelle

Lecture du début et des notes finales aux lecteurs enregistrée en vidéo sur Évanances littéraires et Eva Résonances littéraires : 


Et voilà encore un ouvrage remarquable et essentiel paru aux éditions des femmes Antoinette Fouque qui trônera en bonne place dans ma bibliothèque. Le premier fut "Artisanes de la paix" de Mona L. Siegel, essai de référence dont je regarde la couverture tous les jours. 

Les femmes et la guerre, les femmes dans la guerre... 


Aujourd'hui enfin des récits de guerre au travers du regard des femmes se multiplient. Je pense à "Le silence des vaincues" de Pat Barker réécriture de l'histoire de la guerre de Troie par Briséis. "Une femme dans la guerre" de Christine Spengler, photographe reporter enregistré en livre audio par l'autrice toujours aux Éditions des femmes Antoinette Fouque nous fait également toucher du doigt la réalité sur le terrain, sur les champs de bataille. 


Et voici ce récit puissant, incroyable, inqualifiable !  

Neuf femmes, engagées dans la Résistance alors qu'elles sont encore si jeunes, prenant tous les risques, affrontant le danger, la barbarie nazie, la terreur au ventre mais l'âme affermie... Chacune d'entre elles a un parcours singulier, extraordinaire, démentiel... Alors que la société des années 1940 leur dénie le droit de voter, les font supporter une tutelle insupportable des hommes, alors qu'elles sont considérées comme mineures, infantilisées, interdites de faire un chèque, de disposer de leur argent, de leurs corps, ces femmes se lancent dans la bataille, cachées dans l'ombre, oeuvrant pour la patrie. 


Elles sont arrêtées par les policiers français ou la Gestapo, interrogées brutalement, torturées, pour être ensuite envoyées en camp de concentration en Allemagne dans un block réservé aux prisonnières politiques près de Leipzig. Sept françaises, deux hollandaises, une espagnole. Deux d'entre elles font partie des "57000", ceux emportés par le dernier convoi vers la mort. Elles s'organisent, s'entraident, supportent tout, endurent l'impensable, assistent à des scènes inhumaines.... Elles ne sont plus que des ombres décharnées, en loques, malades, épuisées, réussissant, on ne sait comment, à plaisanter, à utiliser la dérision et l'humour comme armes de guerre. Une lutte de tous les instants pour survivre, respirer, dans l'espoir de rentrer, de retrouver les êtres aimés. 


La débâcle allemande enfin devient réalité, la barbarie nazie se déchaîne jusqu'au bout : effacer les traces, assassiner les survivants, les témoins... Certains passages de ce récit sont tellement... les lire est presqu'impossible, mais par respect pour celles qui  ont traversé ces épreuves, on se doit de tenir le coup. 


Ainsi le 15 avril 1945, le jour J est arrivé, l'occasion se présente de fuir, une toute petite opportunité d'attraper cette liberté, de la tenir fermement, de s'y accrocher de toutes ses forces....et voilà nos héroïnes s'enfuyant dans un champ... Un but, un seul : regagner la France, Paris pour certaines. Elles ne sont pas au bout de leur peine. Elles doivent absolument rejoindre les troupes américaines. Mais où est la ligne de front ? Direction plein ouest, toujours. De rencontres fabuleuses en confrontations terrifiantes, vaille que vaille, elles avancent... 

Mais que leur réserve l'avenir une fois revenues chez elles ? Que vont-elles retrouver elles qui ont été profondément métamorphosées, traumatisées ? Pourront-elles se projeter dans l'avenir, construire une famille, vivre normalement ? Quelles conséquences toutes ces souffrances vécues, traversées, auront-elles sur leurs proches, leurs enfants ? Seront-elles capables de parler, de témoigner ? Seront-elles prises en charge psychologiquement ? 


Gwen Strauss réussit à nous raconter l'histoire de ces 9 femmes avant, pendant et après la fuite éperdue des camps de la mort. Un travail colossal de recherche, d'enquête sur le terrain et dans les archives ont permis à l'autrice de bâtir un récit choral solide, digne du meilleur scénario de film de guerre au suspense haletant, à la beauté sidérante. L'humanité dans ce qu'elle a de plus remarquable et de plus monstrueux est mise en scène magistralement. La sincérité de la démarche de Gwen Strauss, petite nièce de l'une de ces héroïnes, est indéniable, en quête de vérité, animée par le désir de rendre hommage à ces femmes. N'oublions pas que  le Général de Gaulle reconnaissant la bravoure de ces patriotes a accordé le droit de vote aux femmes en 1944. Nous leur devons d'avoir une voix, de nous faire entendre. 

Nous leur devons de ne jamais oublier, nous leur devons de faire en sorte que l'Histoire vue par les femmes soit réécrite et enseignée aux générations futures. Nous leur devons d'empêcher par tous les moyens toute nouvelle guerre, toute nouvelle infamie. 



Quatrième de couverture

Un récit d’un courage insondable… Mme Strauss rend un fier service à ses lecteurs – et à ses sujets – en revenant sur cette histoire effroyable du courage des femmes à une époque de rapacité et de guerre. Wall Street Journal

15 avril 1945: Hélène Podliasky, grand-tante de l’autrice, s’échappe d’une marche de la mort avec la complicité de huit autres femmes résistantes. Elles ont traversé les lignes de front de l’Allemagne pour rejoindre Paris. Ce livre raconte leur histoire.

Les neuf femmes avaient toutes moins de trente ans lorsqu’elles ont rejoint la Résistance. Elles ont fait de la contrebande d’armes à travers l’Europe, hébergé des agents parachutistes, parcouru les itinéraires d’évasion vers l’Espagne et caché des enfants juifs dans des appartements dispersés. Elles ont été arrêtées par la police française, interrogées et torturées par la Gestapo pour être finalement déportées en Allemagne. Leur amitié est née au cours de cette terrible épreuve. Au moment de la débâcle allemande, les neuf femmes parviennent à s’évader.

Gwen Strauss a effectué un travail de recherche incroyable pour mettre au jour cette saisissante histoire d’entraide et de sororité malgré l’horreur, pour faire perdurer la transmission au sein des familles et au-delà.

« Hélène se releva et mena la marche dans la direction opposée à la route. Bientôt, elles furent toutes à bout de souffle. Elles grimpèrent hors du fossé et s’affalèrent dans un champ. En pleine euphorie, prises d’un fou rire inextinguible, elles restèrent là, main dans la main, à contempler le ciel. Elles avaient réussi. Elles s’étaient évadées ! »

Avec le soutien du AUP, George & Irina Shaeffer

Center for the Study of Genocide, Human Rights ans conflict Prevention.

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