
Éva a lu pour vous ..
Chroniques littéraires
Des nerfs d'acier
Philippe Lemaire
De Borée
4 juillet 2019
224 pages
Historique
Chronique
8 juillet 2019

Un livre court mais vraiment parfait pour les vacances ou cet été, dense, très documenté, drôle, on pense évidemment à Guy de Maupassant, Jules Vernes, Émile Zola, on se croit à certains moments transporté à l'intérieur des toiles du musée d'Orsay, Renoir, Degas, Manet.....
Impressionnisme littéraire pour ce quinzième roman de Philippe Lemaire, par ailleurs grand reporter à France 3, d'où le souci du détail et de l'information vérifiée, auteur de chansons fort inspiré ici par Montmartre, ses cafés, ses artistes, ses filles de joie, et enfin réalisateur de films documentaires expliquant sa verve imagée, mouvante.
Effectivement les évènements autour de la construction de la Tour Eiffel se déroulent devant nos yeux comme sur une pellicule recolorisée. Tout nous semble du coup proche, d'hier : on les entend, on les voit, on les touche presque. De beaux personnages dont la psychologie est parfaitement rendue, surtout concernant Johan de Winkler, jeune homme en rupture de ban avec sa famille, quittant la Lorraine pour poursuivre son rêve d'écriture à vingt ans, contre l'avis de la figure patriarcale toute puissante.
On croise des inconnus et des célébrités ressuscitées grâce au talent de l'auteur, dans une capitale où planent encore les souvenirs de la révolution française certes, mais surtout de la Commune de 1871 et sa conclusion dramatique. Nous sommes dans une France au tournant du XX ème siècle, industrieuse, où la vie est difficile pour les plus modestes ; pour les femmes, quelque soit leur milieu, le carcan de cette société corsetée est terrible. Le moindre faux pas est une condamnation au caniveau. Ce roman retrace aussi les débuts d'une certaine presse à scandales, bénéficiant des progrès technologiques en matière d'imprimerie, venant d'Amérique.
Le rythme de la vie de tous s'accélère inexorablement. On assiste aussi à l'arrivée en masse de tous ces bretons anciennement marins, habitués à escalader les mâts, venus pour se faire embaucher comme ouvriers " trapézistes" se jouant du vide.... Les roues du progrès écrasent les plus faibles comme la locomotive sortant de son tableau. Un instant d'histoires multiples, enchevêtrées, s'étalant sur la période de construction de la Tour jusqu'à l'Exposition universelle de 1889, centième anniversaire de la révolution française.
« Une passionnante reconstitution de ce Paris de légende . »