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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Dans l'ombre D'Anshoë

Brigitte Joseph-Jeanneney

Cohen & Cohen

13 juin 2019

285 pages

Divers

Chronique

4 février 2023

Masque de danse du Peuple Tsogho (Gabon) en couverture. Relecture et corrections de Agathe Roga.


8 mars 1977, Ronald revient en pleine nuit à son appartement parisien du boulevard Pereire. Catastrophe ! Il a été cambriolé et son amie Marlène est à terre semblant avoir été violentée.

Deux magnifiques sculptures du Gabon héritées depuis peu de son père, deux merveilles, ont disparu. S'enclenche alors pour le jeune photographe un compte à rebours essoufflant car il doit les retrouver très rapidement. Novice dans le monde fermé et restreint des collectionneurs d'œuvres africaines, il ne sait par où commencer. Heureusement, des clichés personnels de ces œuvres sont encore en sa possession.


Cette recherche de l'héritage perdu va peu à peu se transformer en une quête intime de vérité quant au passé de son père résidant au Gabon dans les années 1930.


Marlène a laissé un mot en partant silencieusement au petit matin : ne pas la chercher, ne pas s'inquiéter, elle sait quoi faire... Ronald, stupéfait par ce message intrigant, suit ses propres pistes lors de ventes privées où se retrouvent tous les passionnés d'Arts Premiers, terme tout juste mis à la mode. Dans la vieille malle paternelle, source de découvertes étonnantes, se cache un trésor : s'en élève la voix de son géniteur, parfait exemple de colonialiste bon ton sans originalité, sous forme d'un journal. Des relents détestables de racisme ordinaire le prennent soudain à la gorge, les échos des exactions des puissances occidentales sur les "sauvages et les indigènes" envahissent son esprit. La photographie d'une magnifique gabonaise le fixe par delà le temps. Anshoë !


Pas sûr que Marlène, la belle métisse au comportement de plus en plus étrange, puisse lire la prose de l'aïeul avec flegme et détachement.

Jour après jour, les voiles de l'ignorance sont écartés en même temps que l'exploration de l'histoire des Arts africains se poursuit.


L'autrice nous amène à nous replonger dans une période où le passé colonialiste de la France n'était toujours pas digéré, assumé, si tant est qu'il le soit aujourd'hui, où la reconnaissance du patrimoine artistique et culturel des pays de l'Afrique subsaharienne était à ses balbutiements. Pensez donc ! Des sculptures, masques et autres artefacts non signés ! La dimension sacrée de ces pièces inestimables était en partie ignorée, le respect que l'on doit à ces civilisations anciennes et/ou disparues, à leur Histoire, à leur grandeur, n'allait pas de soi. La richesse patrimoniale de ces peuples et de ces ethnies était niée, moquée, méprisée. Leur importance pour les Africains contemporains sous-estimée.


Le musée du Quai Branly - Jacques Chirac appelé musée des Arts et Civilisations d'Afrique, d'Asie, d'Océanie et des Amériques avant 2016, n'ouvrira ses portes dans le 7ᵉ arrondissement de Paris, le long du quai de la Seine qui lui donne son nom et au pied de la Tour Eiffel, qu'en juin 2006 !!!

Ce roman, en un va-et-vient entre les années trente et soixante-dix, nous permet de mieux comprendre comment s'est effectuée la prise de conscience des occidentaux quant à l'apport inestimable des artistes africains à l'humanité. Ce polar historique porte les lecteurs à enlever leurs possibles oeillères, à voir le monde avec un autre regard, à faire preuve d'empathie et, surtout, à ne pas penser qu'une quelconque civilisation puisse être supérieure à une autre. Vaste programme ! Ce n'est toujours pas gagné. J'ai aimé ce texte, moi, la française d'outre-mer !

Quatrième de couverture

Ronald hérite de la malle de son père, jadis forestier au Gabon. Il y trouve des sculptures sublimes, des photos, un journal intime relatant des exploits fabuleux. Il se prend de passion pour l'art africain et affirme sa vocation de photographe.
Victime d'un cambriolage, Ronald débusquera seul le coupable. Marlène refusera de choisir entre trahir son oncle ou renoncer à son amant. Magouilles lucratives côtoient secrets de famille et amours illicites. On se perd dans un univers de masques, blancs ou noirs : escroc-justicier, policier-assassin, sorcier-échassier.
L'œuvre appartient-elle aux descendants des artistes ou à ceux qui tel Picasso y puisent leur inspiration ? La polémique autour de la restitution des œuvres d'art s'incarne, frontale. L'histoire coloniale pèse lourd, autant que la mémoire des êtres chers. La vie, la mort, l'amour : éternelle équation. ?Et si la beauté partagée, forte de sa dimension spirituelle, était facteur de réconciliation.
Un roman aussi envoûtant que l'art dit primitif.

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