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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Commedia nostra

Sylvain Gillet

Ramsay

18 août 2020

312 pages

Polar

Chronique

3 novembre 2020

Un jeu de dupes et tromperies distillé par une gouaille à la Audiard. Un style actuel et des situations délirantes.


" Qui aime bien châtie bien, dit-on ! Je l'espère et le crois après avoir lu ce polar ébouriffant de Sylvain Gillet qui n'y va pas avec le dos de la cuillère : les comédiens et la faune qui les entoure en prennent pour leur grade, disons-le.... L'auteur déploie un arsenal impressionnant contre ses maudits théâtreux, intermittents du spectacle débutants ou sur le retour, mythomanes professionnels, tristes clowns et héros de pacotille, agents artistiques minables, metteurs-en-scène ratés, survoltés, techniciens de plateau sans espoirs....

Tout n'est que vanités, tromperies, apparences, égos surdimensionnés, ridicules, bêtises....


Pas joyeux, joyeux le tableau ! Mais si, au contraire, car le verbe est haut, la fantaisie et l'inventivité littéraires réjouissantes, le rythme enlevé, le scénario formidable et étourdissant, on rit des personnages, des situations, de nous-mêmes, comme en enfance... On se souvient de nos premières amours, nos premiers éclats de rire ou émerveillements à la découverte de Guignol, de Molière, de la comedia dell'arte, d'Audiard...

Le plaisir est presque gustatif, on répète les mots, les formules, les expressions truculentes, les traits d'esprit, les sorties imparables... C'est brillant, ciselé, au cordeau, une comédie de boulevard où tout est millimétré et maîtrisé, du grand Art, fruit d'un travail de longue haleine par un Artisan des mots qui remet inlassablement son travail sur le métier, qui peaufine avec amour, exigence, et tendresse oui, tendresse, ces lignes.


Car ce qui fait la beauté d'un texte, tel que celui-ci, est évidemment la tendresse et l'empathie, réelles même si bourrues, de l'auteur pour tous ces comédiens, saltimbanques, artistes, incarnés ici par Antoine le Magnifique....

Comme dans une comédie irlandaise où rires et larmes sont intimement liés, où légèreté et drame sont inséparables, la réponse à une question universelle se dessine....

Nous tous, à certain moment de bascule vers la maturité, nous nous interrogeons, comédiens, interprètes ou citoyens lambda : qu'avons nous fait de notre vie ? L'avons-nous réussie ou avons-nous des regrets, des remords, des sentiments de culpabilité lancinants ? Savons-nous finalement, au terme de ce long parcours, qui nous sommes vraiment ?


Ici, dans cette fiction drolissimme où tout le monde est le con, l'imbécile, le bouc émissaire des autres, où règnent l'autodérision, l'humour acéré sans possibilité de se fourvoyer ou d'être l'autruche de service, l'expression française "jouer un rôle" prend tout son sens.


Être comédien devient un amusement auquel on s'adonne avec beaucoup de sérieux sans plus savoir quand arrêter la partie. Bienvenus chez les schizos incapables d'entendre le clap de fin, continuant à donner la réplique, à incarner un personnage fictif. Réalité, virtualité ? Pour Antoine Aria, rien n'est clair...


Il n'y a plus de frontière, à l'instar de son agent aux méthodes peu orthodoxes, flirtant avec la filouterie et qui, inéluctablement, l'entrainera dans une aventure des plus périlleuses où les loubards deviennent maffieux, où les balles sont réelles, où les questions de vie ou de mort sont sur la table....


Mais notre Antoine a du métier, du panache, de la grandeur..... les parrains de tous pays auront du fil à retordre avec ce septuagénaire encore vert....


Préparez-vous à courir, à rire aux éclats tout en essuyant quelques larmes.... Préparez-vous aussi à user de vos petites cellules grises avec célérité, à oublier toute forfanterie, toute galéjade, et à vous regarder à travers le miroir des apparences...


Vous l'avez compris : je suis fan !

Merci à l'auteur pour cette lumineuse découverte.

Quatrième de couverture

Pour Antoine Aria, vieux tragédien au chômage, la coupe est pleine. Jouer la carotte dans une publicité alimentaire est indigne de lui. Alors, quand on lui propose d'interpréter un ancien chef mafieux pour un cachet à nombreux zéros, il n'hésite pas. Seulement cette fois nous serons sur du live. Les partenaires n'auront que très peu connu le Conservatoire et les flingues seront bien réels. Une réconciliation des branches française et américaine de la "Famille" assez éloignée d'une quelconque distanciation brechtienne, qui pourra s'avérer...plutôt dangereuse.

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