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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Chaque mot est un oiseau à qui l'on apprend à chanter

Daniel Tammet

Les Arènes

Décembre 2017

266 pages traduites par Samuel Sfez

Témoignage

Chronique

26 février 2018

Une mention spéciale pour le chapitre OuLiPo sans aucun « e ». De la haute voltige ! Aussi sur ma page Eva Impressions littéraires :


J'ai découvert cet auteur enthousiasmant, brillant sans fatuité, ce génial intuitif, émotionnel et scientifique du langage lors de l'émission de La Grande Librairie, scotchée, émerveillée par ce magicien rusé, charmant mais surtout et avant tout, compréhensible par tous nos sens, notre imaginaire, notre logique. Un génie, mot tellement galvaudé, est celui qui se fait entendre et comprendre de tous quelque soit la complexité du thème abordé.

Nous y sommes !


Quelle sacrée victoire pour cet homme diagnostiqué à 25 ans autiste de haut niveau avec un syndrome du savant et de synesthésie ! Les autistes étaient considérés comme incapables de ressentir les émotions ou de communiquer, ah! ah! et nous le retrouvons aujourd'hui écrivain, et quel écrivain !" La clarté m'est venue graduellement", car lui enfant d'une banlieue de Londres, dont la langue maternelle était les nombres, langage plus compréhensible que celui de ses proches, avait dû apprendre une langue étrangère pour être accepté de tous, l'anglais.


Aujourd'hui polyglotte, capable d'apprendre l'islandais à 19 ans en une semaine sur place pour enseigner l'anglais à des femmes au chômage, inventant une technique innovante et intuitive pour leur rendre l'apprentissage plus aisé, normal puisqu'il traduit tout en nombres et en couleurs, il nous invite dans l'univers des langues et des modes de communication, dans le monde de celles et ceux qui les parlent, les inventent, les ressuscitent, ou les étudient. À l'heure où nous en sommes à envisager sérieusement des robots pour faire la conversation, il reprend mine de rien la genèse, la sienne, la nôtre pour arriver à nous interroger sur l'avenir.


« Chaque mot est un oiseau à qui l'on apprend à chanter ».


Quelque soit le passé, l'histoire, le « pedigree » de chacun, " les mots n'ont pas plus de sens que ceux que nous leur donnons. Nous sommes les professeurs, pas eux. Posséder la langue, une « intelligence verbale », signifie animer les mots avec notre imagination."


Très touchée par ce livre car depuis des années, chantant dans toutes les langues utilisées dans le répertoire lyrique, et ayant une approche très épidermique et intuitive et certainement une bonne oreille, j'ai dû apprendre des rôles en russe par exemple, que je ne maîtrise aucunement, et ai donc mis en place en trois mois une méthode alliant dessins et couleurs sur toute ma partition, ressemblant plus à une BD au final. Car ces croquis qui n'avaient pas forcément de lien avec le sens du mot lui-même auquel je l'avais rattaché, mais à la seule sonorité, étonnamment m'étaient parlant émotionnellement. La grande chance était d'avoir récupérer une partition avec à la main écrite toute une traduction littérale du livret de Pouchkine, et en utilisant le siège de mes émotions ainsi que de la rationalité, une compréhension intime, complète et profonde du personnage s'est révélée peu à peu. J'ai gagné le concours pour lequel j'avais préparé le rôle, devant une centaine de russes, je pense en raison en partie de cette approche multiple de la langue.

Depuis j'applique le même stratagème pour toutes les partitions. En français également, je m'efforce de le faire pour utiliser toutes mes mémoires possibles, toutes mes facultés d'appréhender un texte. La langue, les consonnes, les voyelles ont un goût particulier, en bouche, provoquant immédiatement des images et des couleurs. La langue est figurative et organique à mon humble avis.


J'ai corné tout mon exemplaire, souligné énormément de passages, très sensible aux chapitres consacrés en premier lieu à Les Murray, qui a inspiré Daniel Tammet, poète australien autiste également, dont il a traduit une quarantaine de poèmes. Puis aux langues africaines indigènes se confrontant par le biais de certains auteurs célèbres comme Ngugi wa Thiong'o, un géant des lettres écrivant son premier roman en Kikuyu, en prison sur du papier toilette, en réaction contre l'anglais du colonisateur ; à celle des islandais et des habitants de l'île de Man, s'évertuant à sauver ou garder pure leur langue, leur histoire ; l'Esperanto et le destin de son créateur idéaliste, à l'Immortel nommé académicien Sir Michael Edwards, premier et unique anglais en cette fabuleuse institution, fleuron de la France, aux langages des sourds, au problème épineux de la traduction par le biais de Erri De Luca, non croyant et spécialiste, entre autres oeuvres, de la traduction de l'Ancien Testament, de la nouvelle communication seulement vocale depuis l'avènement du téléphone, pour finir avec la problématique robotique. Un vaste tour d'horizon passionnant, exaltant ! Hâtez-vous de le lire, amoureux des mots !

Quatrième de couverture

Il était une fois, dans une banlieue de Londres, un enfant autiste dont la langue maternelle était les nombres... Daniel Tammet se souvient de ce langage numérique qu’il comprenait mieux que celui de sa famille.
Aujourd’hui, ce polyglotte capable d’apprendre l’islandais en une semaine nous propose un voyage dans l’univers des langues et de ceux qui les parlent, les inventent ou les étudient.
Il nous entraîne à la rencontre des Nahuas, ces descendants des Aztèques qui forgent des mots à partir des bruits de la nature. Il raconte les péripéties de l’inventeur de l’espéranto et dialogue avec ceux dont c’est la langue maternelle. Il nous montre comment apprendre une langue étrangère de manière intuitive ou pourquoi l’apparition du téléphone a modifié notre façon de nous parler.
De l’art de la traduction de la Bible à la poésie de la langue des signes, ces pages révèlent l’étonnant éventail des talents linguistiques et littéraires de l’auteur.

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