« Les fléaux, en effet sont une chose commune, mais on croit difficilement aux fléaux lorsqu'ils vous tombent sur la tête. Il y a dans le monde autant de pestes que de guerres. Et pourtant, pestes et guerres trouvent les gens toujours aussi dépourvus. »

Albert Camus, La Peste

Troisième roman de cet auteur chez de Borée après « L'œil de la providence » en 2016 et « Les ombres de Glozel » en 2018, où déjà figure la même équipe d'enquêteurs de Clermont-Ferrand.

Surtout ne pas zapper les notes finales passionnantes et édifiantes.

Ainsi, vous comprendrez que ce polar est bâti sur des faits réels historiques ou contemporains, faisant référence à certaines croyances, à des sectes, des ordres du Temple ou maçonniques, à des découvertes archéologiques, à des lieux de foi ou de refuge, à des organisations criminelles internationales.

De plus, placer l'action en 1999, où toutes les théories les plus folles d'Apocalypse et de fin du monde ont pullulé, renforce l'angoisse, l'ambiance anxiogène régnant sur la région. Après la grande éclipse totale du soleil, il semble que tous les fléaux honnis du Moyen-Âge se réveillent soudain pour nous remettre en mémoire que la mort rôde toujours et que nous ne sommes pas de taille.

Juillet 1312, au Prieuré de Saint-Saturnin, Guillaume, prieur de la fondation bénédictine doit se rendre au chevet d'un ami mourant, Hugues d'Olloix, souhaitant se confesser et lui remettre certains biens en mains propres. Ils se sont connus au moment de la chute de Saint Jean-d'Acre. Guillaume avait soigné Hugues, chevalier du Temple.

Celui-ci lui raconte alors le récit de sa vie et surtout un épisode exceptionnel, dont il a des preuves matérielles : un coffret de cuir, un sac de toile à ne surtout pas ouvrir, des feuilles manuscrites et une pietà.

Le témoin est passé entre les deux amis. Les écrits, en particulier, ne sont pas prêts d'être bien reçus en ce siècle où l'église catholique impose une certaine doctrine. Guillaume est le bon réceptionniste pour un tel document, il va donc le mettre à l'abri ainsi que le coffret, le sac et la statuette.

1999, deux couples en vacances en Dordogne avec leurs enfants. Ceux-ci sont devenus des copains d'été et décident d'explorer le grenier de l'une des maisons. Ce qu'ils y découvrent, ainsi qu'en creusant la terre d'un lieu-dit célèbre, renfermant un possible trésor caché, va ouvrir les portes de l'enfer pour toute la région. Une épidémie de peste s'abat, terrorisant la population, faisant ressurgir des peurs ancestrales et des déclarations d'illuminés.

Quand tout semble se calmer, on découvre parmi les victimes de l'épidémie, quatres morts suspectes. Bientôt il est évident que des meurtres ont été perpétrés.

Le commissaire Marcel Broust et son équipe formée de Des Cartes, Spinoza et la stagiaire Framboise Sagan (oui, vous avez bien lu ! ) sont vite sur les charbons ardents. D'abord chargés de comprendre la source de l'épidémie, les voilà engagés sur une affaire criminelle de grande envergure dont les ramifications sont internationales. S'ajoutent à cela, des sectes, des groupuscules néonazis, des catholiques intégristes, des chevaliers du Temple de pacotille, des Francsmaçons..... De quoi avoir le tournis. Une dernière enquête bien salée pour le beau Marcel à la veille de sa retraite.

Humour, dérision, humanisme, philosophie, amitié, sont les points forts de ces quatre policiers, ils en auront bien besoin....

J'ai bien aimé ce livre, ce n'est pas une révélation, mais il est idéal pour les vacances. Le scénario est tortueux à souhait, cela commence un peu comme le Roman de la Rose pour s'ancrer dans l'ère moderne et sa barbarie.

« Pour ne pas être de ceux qui se taisent, pour témoigner en faveur de ces pestiférés, pour laisser du moins un souvenir de l'injustice et de la violence qui leur avaient été faites, et pour dire simplement ce qu'on apprend au milieu des fléaux, qu'il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser. « Albert Camus, La Peste

De circonstance, non ?