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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Ce qu'ils n'ont pas pu nous prendre

Ruta Sepetys

Gallimard Jeunesse

2011

424 pages traduites par Bee Formentelli

Jeunesse Historique

Chronique

17 avril 2021

Titre original « Between shades of gray ». Âge de lecture indiqué 14-18 ans.


Premier roman de Ruta Sepetys adressé à la jeunesse mais qui pour moi concerne toute personne souhaitant vivre dans la vérité. Cette formidable écrivaine est une passeuse de lumière à l'instar des artistes, créateurs, intellectuels, apportant à l'humanité l'espoir et les armes psychologiques à la résistance face au Mal le plus absolu. Descendante de Janos Sepetys qui put se réfugier dans un camps en Allemagne dès l'arrivée des soviétiques en Lituanie, elle décide ici de nous conter l'histoire de tous ceux qui furent aussi déportés en Sibérie et dans l'extrême Nord, rendus à l'état d'esclaves sous la garde violente et hurlante des hommes du NKVD devenu plus tard KGB. Pour des raisons idéologiques, les États Baltes furent purement et simplement pulvérisés de par la volonté du dictateur Staline. La Lituanie, la Lettonie et l'Estonie ont été envahies et ont perdu plus du tiers de leur population pendant ce génocide soviétique dans un silence insupportable et assourdissant. Ces déportations, aussi monstrueuses que celles décidées par les nazis, touchèrent également la Finlande.


Ce qui me semble le plus intenable est le refus de beaucoup de russes de reconnaître ces faits indiscutables comme autant de négationnistes décérébrés. Les Baltes, en majorité ne vivent pourtant pas dans la haine ou un désir de revanche.La liberté de ceux qui ont pu émigrer à temps aux USA ou ailleurs comme les aïeux de Ruta Sepetys a coûté la vie à tous ceux qui sont enterrés en Sibérie.


Roman d'une guerre essentiellement idéologique, contée à travers la parole et le regard perçant d'une jeune fille de quinze

ans, Lina, témoin idéal, capable de transcrire ce récit suffoquant par ses dessins. Nombre de Baltes ont écrit, illustrer leurs souvenirs, fait un travail de mémoire indispensable afin que plus jamais cela ne puisse arriver. En attachant nos pas à ceux de Lina, de son frère de dix ans Jonas, de leur mère Elena et de plusieurs personnages plus bouleversants les uns que les autres, Ruta Sepetys réussit à nous intégrer à cette foule, à ces millions de victimes du totalitarisme quelque soit son nom.


L'auteur s'adresse à nous dans sa note finale :

« En 1991, après cinquante ans d'occupation, les trois pays Baltes ont retrouvé leur indépendance et, avec elle, la paix et la dignité. Ils ont préféré l'espoir à la haine et montré au monde qu'une lumière veille toujours au fond de la nuit la plus noire. S'il vous plaît, réfléchissez à cela. Parlez-en autour de vous. Ces trois minuscules nations ont appris au monde qu'il n'est pas de plus puissante arme que l'amour. Quelle que soit la nature de cet amour - qui peut aller jusqu'à pardonner ses ennemis -, il nous révèle la force miraculeuse de l'esprit humain. »


Gandhi, Nelson Mandela ont eu la même réaction de non violence et de réconciliation face à la barbarie, afin de bâtir l'avenir dans la plus pure clarté. Un dur chemin mais le seul même si, en ce qui me concerne, accorder un pardon éventuel à des criminels de guerres qui ne cherchent nulle rédemption me semble inutile. Ne pas haïr, choisir de transmettre la lumière, la beauté sont à mon avis déjà un exploit et la seule réponse aux suppôts du Mal.


Un roman âpre, glaçant, ténébreux et menant pourtant au lever soudain du soleil polaire, à l'ambre réchauffant la terre et les survivants.

Quel réussite émouvante, bluffante, pour un premier livre devenu un best-seller évidemment !

Quatrième de couverture

Lina est une jeune Lituanienne comme tant d'autres. Très douée pour le dessin, elle va intégrer une école d'art. Mais un nuit de juin 1941, des gardes soviétiques l'arrachent à son foyer. Elle est déportée en Sibérie avec sa mère et son petit frère, Jonas, au terme d'un terrible voyage. Dans ce désert gelé, il faut lutter pour survivre dans les conditions les plus cruelles qui soient. Mais Lina tient bon, portée par l'amour des siens et son audace d'adolescente. Dans le camp, Andrius, 17 ans, affiche la même combativité qu'elle.

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