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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Ce qu'elle a laissé derrière elle

Ellen Marie Wiseman

Faubourg Marigny

9 mars 2022

400 pages traduites par Typhaine Ducellier

Roman

Chronique

11 septembre 2022

Evidemment j'ai immédiatement repensé au roman de Victoria Mas, « Le Bal des folles », en lisant avec passion et beaucoup de plaisir ce récit historique de Ellen Marie Wiseman situé dans l'état de New York dans les années 1930 et 1990.


Cette autrice est une véritable conteuse, impossible de quitter ce livre. Lu vite et avec un vrai enthousiasme même si la description des "soins" psychiatriques apportés aux patientes, particulièrement pendant l'entre deux guerres aux États- Unis, a de quoi vous bouleverser et vous glacer le sang.


Le parallèle se fait naturellement entre les deux héroïnes : Clara, jeune fille de bonne famille amoureuse d'un bel italien rencontré au Cotton Club, et Izzy, bientôt 18 ans, passant de famille d'accueil en famille d'accueil depuis que sa mère a tué son père, arrivée tout juste dans une nouvelle ville, dans un nouveau lycée, bouc émissaire tout désigné d'un groupe de gamines mené par une certaine Shannon.

Toutes deux ont en commun leur différence, leur endurance, leur soif de liberté et déjà beaucoup de malheurs au compteur, les rendant plus mûres et aptes à juger leur entourage.


Pour Clara, la mort de son frère aîné et la froideur et la rudesse de ses riches parents, la poussent à chercher au dehors, loin de la demeure familiale-forteresse, un peu de joie, d'amitié et... d'amour finalement dès le premier regard échangé avec le beau Bruno.


Cependant, les femmes, les filles, n'ont pas voix au chapitre quant au choix de leur avenir quelque soit leur niveau social en ces années 1929. La crise économique s'annonce, Clara représente pour ses parents une marchandise qu'il faut vite céder à un bon parti. Cette alliance est vitale pour la survie du couple dont le mari est banquier. Mais Clara ne se laisse pas faire, leur présente son amoureux lors d'un déjeuner désastreux qui scellera son destin. Ce qui lui arrivera ensuite, insupportable et ignoble, est malheureusement survenu à des millions de femmes sacrifiées sur l'autel de la misogynie, du paternalisme criminel, de la bien-pensance de toute une société corsetée freinant des quatre fers face aux progrès sociaux de l'Amérique d'alors. Un phénomène que l'on retrouve dans le monde entier quelque soit le siècle : je pense à Jeanne la Folle par exemple.


Izzy, quant à elle, n'a jamais compris les raisons qui ont pu pousser sa mère à tuer son père. Celle-ci enfermée dans un hôpital psychiatrique depuis n'a jamais reçu de visite ou de réponse de sa fille à ses nombreuses lettres. La petite fille puis l'adolescente est restée littéralement tétanisée face à l'acte posé par sa mère. Sa grande terreur étant d'être porteuse des

gènes de la folie maternels. En acceptant d'aider ses parents d'accueil à répertorier le contenu de quelques valises restées entre les murs de l'asile abandonné de la région, peut-être cherche-t-elle inconsciemment des réponses à son propre drame, à comprendre la folie des autres avant de revenir à celle présumée de sa mère. Une quête donc très personnelle qui deviendra obsession dès l'ouverture d'une malle où gisent des effets féminins, des lettres, une partition d'une chanson de Jazz célèbre dans les années 1930 et le journal intime d'une certaine Clara.


Même si évidemment tout est fiction, il n'en reste pas moins que Ellen Marie Wiseman s'est appuyé sur le travail fabuleux de Darby Penney et Peter Stastny, auteurs de "The Life They Left Behind : Suitcases from a State Hospital Attic".Elle leur dit : " C'est votre livre qui a fait germer l'idée et m'a ouvert les yeux sur le monde souvent déchirant des asiles de fous au siècle dernier. Je suis particulièrement redevable à Darby Penney d'avoir pris le temps de répondre à mes questions concernant l'asile de Willard et la vie qu'y menaient les patientes dans les années 1930."


Le traitement psychiatrique des malades a énormément évolué depuis le début du XXe siècle, heureusement, il n'en reste pas moins que nos sociétés normatives ont toujours tendance à montrer du doigt et à faciliter la discrimination de toutes les personnes un tant soit peu différentes, libres en pensée, en mode de vie. Être dans le système ou ne pas être ?!? Excellent roman historique et très contemporain à lire absolument.

Quatrième de couverture

Le grand retour de l’autrice phare des éditions Faubourg Marigny
1995. Dix ans auparavant, la mère d’Izzy Stone a tué son mari d’un coup de fusil, alors qu’il dormait. Dévastée par la folie de sa mère, Izzy, qui a maintenant 17 ans, refuse de lui rendre visite en prison. Elle a depuis été accueillie par une famille d’accueil. Ses « parents » travaillent pour le musée local et décident d’inscrire la jeune fille dans leur groupe. Sa mission : les aider à cataloguer les objets trouvés dans un asile abandonné depuis des années. Et au milieu de monceaux d’affaires, Izzy va découvrir des lettres jamais ouvertes, un vieux journal intime... et une fenêtre vers son propre passé. 1929. Clara Cartwright a 18 ans. La jeune femme est prise en étau entre ses parents autoritaires et son amour pour un jeune immigrant italien. Furieux qu’elle ait rejeté un mariage arrangé, son père l’envoie dans une chic résidence pour « malades nerveux ». Mais les Cartwright perdent leur fortune lors du krach boursier qui va suivre. Ne pouvant plus payer les soins de Clara, la jeune femme est transférée à l’asile public... Même si Izzy fait face aux défis d’un nouveau départ, l’histoire ne cesse de l’entraîner dans le passé. Reconstituer le destin de Clara va obliger à réexaminer ses propres choix, avec des résultats... inattendus.

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