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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Ce parfum rouge

Theresa Révay

Stock

le 27 mars 2024 aux Éditions Stock, 377 pages. 

377 pages

Historique

Chronique

20 avril 2024

"À Léon Givaudan (1875-1936), mon arrière-grand-oncle

À Xavier Givaudan (1867-1966), mon arrière-grand-père 

Avec affection et reconnaissance"


Je suis une fan inconditionnelle de Theresa Révay. J'attends toujours avec impatience ses nouvelles parutions. 

Cette fois-ci, elle nous offre un voyage intime, sensuel et dangereux sous la forme de ce magnifique roman historique, d'amour, d'aventure, dans le monde très fermé de la parfumerie, de Paris, à Lyon jusqu'à Moscou, de 1934 à 1936. 


J'imagine qu'il doit être très difficile et délicat d'écrire sur les siens, sur sa famille. Les liens du cœur, l'admiration, la peur de trahir, de se tromper, doivent tétaniser même une écrivaine aussi talentueuse et aguerrie que Theresa Révay. C'est justement parce qu'elle sait l'importance de ce geste et ses conséquences possibles pour ses proches, pour elle-même, qu'il lui fallait trouver un biais par lequel raconter les destins fabuleux de Léon et Xavier Givaudan, hommes célèbres mais aussi figures importantes de son arbre généalogique. 


Ce roman écrit en hommage donc à ses deux frères pour leur audace a vu le jour lorsque l'autrice a reçu un cadeau providentiel :

L'ouvrage de Karl Schlögel "The Scent of Empires : Chanel N°5 and Red Moscow (Polity Press, 2021). 


Les liens privés et professionnels entre Léon Givaudan et le parfumeur Ernest Beaux, créateur du N°5, étaient bien connus de Theresa Révay. Elle comprit que c'était par cet angle qu'elle pourrait enfin rédiger ce roman. 


En effet, saviez-vous que ce cher Staline, en plus de contrôler tous les aspects de la vie des russes, s'était également invité dans les chambres et les salles de bains des femmes. Celles-ci devaient incarner la soviétique parfaite, saine, propre, belle. On retrouve cette obsession de s'introduire dans l'intimité des citoyens sous toutes les dictatures, un contrôle des corps et de l'image sous prétexte vrais ou spécieux de santé et d'hygiène. 

Ainsi les soviétiques ont-ils eu un besoin urgent de trouver des chimistes, nez et autres professionnels des cosmétiques et du parfum pour rattraper leur retard et s'aligner sur les grands noms parisiens régnant sur l'industrie de la beauté. 


Nous sommes en février 1934, à Suresnes. Une jeune femme, Nine Dupré, s'apprête à rejoindre la Cité des parfums imaginée par François Coty, "le Napoléon de la parfumerie" et visionnaire génial, où s'affairent une "armée de petites mains qui redessinent le monde des femmes". Chimiste, elle vient d'apprendre qu'elle était choisie pour représenter la maison Coty au concours des jeunes parfumeurs de la Foire internationale de Lyon. Elle a le trac et en même temps est très fière. Il faut dire que son parcours fut jalonné de malheurs et d'obstacles insurmontables depuis sa fuite, en compagnie de sa mère et son frère en 1917, de Moscou devant les bolcheviques. Ils ont tout perdu. Le père, parfumeur français né en Russie, a été arrêté et exécuté. Nine le pleure encore et veut reprendre son flambeau. 


En elle, vibre la quinta essentia. "L'étincelle divine au sein de la matière. Un point d'équilibre fragile au goût d'éternité. Pour certains, le pouvoir absolu sur les émotions des autres."


"Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas", se murmure Nine en reprenant l'axiome des alchimistes


L'installation à Paris fut très difficile entre un frère haineux et en colère et une mère perdant pied. Mais enfin, la voilà à l'aube d'une nouvelle vie. Elle ne sait pas que son destin l'attend à Lyon qui la ramènera vers la Russie soviétique, vers son enfance peuplée de zones d'ombres. 

La rencontre avec un homme énigmatique et inclassable, Pierre, et les projets de Staline quant au développement de l'industrie de la beauté et de la parfumerie, vont accélérer les évènements pour notre héroïne. 


Le retour dans la ville métamorphosée de son enfance apportera-t-il à notre amie des réponses à certains des mystères entourant son passé, pesant encore sur son avenir ? 

Alors que les souvenirs de la violence des rouges remontent, elle est prise de vertige. 


"La tête lui tourne. Tout ceci est absurde. La propagande à laquelle il est impossible d'échapper, les hauts-parleurs qui crachent des marches suivies d'une berceuse, la marchande de glaces ambulante cernée par des matelots et des orphelins, les festivités, la fourmilière... Une fable incohérente récitée non par un imbécile, mais par un forcené. Une Russie sommée par Joseph Staline d'être insouciante, peinturlurée et parfumée par Polina Molotova, qui danse sur ses cadavres au rythme de fox-trot et de tangos."


Mais elle peut compter sur l'amitié tendre et paternelle de Léon Givaudan à la tête de la succursale parisienne de l'entreprise familiale, fleuron de l'industrie des parfums et des arômes synthétiques dans le monde entier. 


Préparez-vous :

Les tempêtes de l'Histoire et de la passion vont vous emporter bien loin dans le temps, vous transporter jusque sur des Terres de souffrance et de beauté, de tromperie et de vérité absolue où la quintessence de la vie se révélera à notre héroïne. 


Le titre de cet ouvrage fait référence à "Krasnaïa Moskva" ou "Moscou la Rouge", parfum célébrissime et véritable symbole pour les peuples de l'URSS et des pays de l'Europe de l'Est comme l'est le N°5 de Chanel pour les Francais et les occidentaux. Il fut créé par le parfumeur français Auguste Michel resté en Union soviétique après 1917 disparu en 1937. 

Ici, l'autrice a renommé ce parfum "L'Aube rouge".  


Merci à Theresa Révay pour ce cadeau inestimable.

Quatrième de couverture

Lyon, 1934. Nine Dupré, 27 ans, appartient à une lignée de parfumeurs français établie à Moscou sous l’empire des tsars. La révolution bolchevique a mis fin brutalement à son enfance. Son père, qui lui a transmis sa passion, a disparu dans la tourmente. Nine a grandi en exil, à Paris. Désormais, c’est en sa mémoire qu’elle veut se faire un nom dans ce métier exigeant.

Alors qu’elle travaille à Lyon pour une grande figure de la parfumerie française qui l’a prise sous son aile, Nine rencontre Pierre Rieux, un commissionnaire au passé sulfureux, proche du pouvoir soviétique. Bien que tout les sépare, ils deviennent amants. Lors de la visite d’une délégation de Soviétiques, Nine respire dans leur sillage un parfum dont seul son père détenait la composition. Comment est-ce possible ? Le maître parfumeur aurait-il survécu au pire ? Et à quel prix ?

Une fenêtre s’entrouvre, car Staline vient de lancer un concours international de parfums en prévision des vingt ans de la révolution. Contre toute attente, elle prend le risque insensé de retourner dans sa ville natale, ce Moscou moderne, revu et corrigé par Joseph Staline, en quête de son père.

Theresa Révay dévoile une page insolite de la haute parfumerie au XXe siècle. Sur fond de drames historiques et d’amour, elle dresse le portrait d’illustres créateurs mais aussi de personnalités méconnues de cet univers captivant, dont celui de son arrière-grand-oncle, Léon Givaudan.

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