top of page
IMG20230707173456_edited.jpg

Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Bissextile

Eric Russon

Robert Laffont

2018

354 pages

Thriller Fantastique

Chronique

19 juillet 2018

« L'ordre schlague comme un fouet. Une claque dans la gueule. Le coup d'envoi d'un cent mètres. Aussitôt se répand l'enfer.....

Autrefois quand la Loi ne sévissait pas encore, les hommes travaillaient ici.... Aujourd'hui les établis ont disparu. Et ça ne sent plus que la peur...

Dans un coin, une jeune femme s'est accroupie, un bébé collé sur sa poitrine..... Les lumières se rapprochent... Les lumières ne dansent plus...

Derrière son volant, Sarah suit la scène qui se déroule à quelques mètres devant sa voiture, comme devant des dizaines d'autres. Son horloge de bord lui indique qu'elle devrait déjà être à l'Institut..... Sarah aimerait regarder ailleurs. Elle a la désagréable impression d'être du mauvais côté, de cautionner ce cirque. »


« Mais où suis-je tombée ? » fus ma première réflexion. Dès le chapitre 1 intitulé J-104 jours, nous sommes projetés dans un monde terrifiant, on pense immédiatement à une dictature, mais laquelle, où, quand ? Évocation d'une mystérieuse et implacable Loi et surtout d'une hypothétique possibilité de désobéissance civile que Sarah l'héroïne ne choisit pas.Nous sommes piégés dans un thriller fantastique et à l'atmosphère lourde et plus qu'anxiogène, dans une société très proche de la nôtre, réminiscence de la Chine, de la Russie, de l'Allemagne nazie...


Paniquant car les raisons évoquées pour justifier le vote de la Loi sont identiques à celles avancées aujourd'hui pour provoquer une totale obéissance des français et la partition entre les plus pauvres, fragiles, et les citoyens dits respectables. Un lavage des cerveaux, une manipulation de l'opinion publique, une paresse à s'interroger et se mobiliser pour résister massivement. Une lecture donc sur plusieurs niveaux de compréhension et de non-dit. Un texte remarquable à cet égard.


Ensuite cet Institut où travaille Sarah, gynécologue, mère d'un petit Jérôme et mariée à Nicolas, architecte. Un organisme qui semble lui aussi obéir à un règlement stricte....tout est suspicion, tout est peur, à la moindre dénonciation, les forces de l'ordre débarquent dans la violence... Souvenirs, souvenirs... Vous l'entendez comme moi le bruit des bottes ?


La jeune femme vit dans un état de déni, et surtout d'elle-même, mais la vie va la rattrapper, le film en noir et blanc va peu à peu s'éclairer, jusqu'à la couleur.... Mais un long parcours l'attend. Ce qui va mettre le feu à toute sa jolie petite existence normative, c'est l'arrivée de Elise, énigmatique, sans âge, sans signe distinctif, la domestique de sa mère.


Lucie Beaumont, violoncelliste de génie, adulée des foules, qui fut une génitrice mais pas une maman. Sarah a caché à tous sa parenté, son passé, elle leur a tourné le dos, s'est construite seule. Sa mère meurt, pas d'échappatoire, elle va devoir la revoir, pire peut-être retourner dans la maison de son enfance au bord de l'océan. Une maison à la Hitchcock, où une ombre passe derrière les fenêtres...


Vous frissonnez ? Vous pouvez !

Magistral tant sur le fond que dans la forme, on en sort avec une forte envie de rébellion ! Un livre à part, traitant de l'intime et de l'universel dans un décor terrorisant et écrasant. À lire absolument !

Quatrième de couverture

Depuis plus de vingt ans, Sarah a rompu toute relation avec sa mère, une violoncelliste mondialement connue mais une femme totalement dénuée d’amour maternel. Pourtant, le jour où Élise, la domestique de cette dernière, vient lui apprendre qu’elle se meurt, Sarah doit se résoudre à la revoir et à retourner dans la maison de son enfance, dont elle hérite. Une villa à l’atmosphère inquiétante, entre mer et forêt, totalement coupée du monde, qu’Élise continue d’entretenir. Peu à peu, Sarah se met à chercher les réponses aux questions qu’elle s’est toujours posées. Pourquoi sa mère était-elle si froide avec elle ? Pourquoi avait-elle brutalement interrompu sa carrière, pourtant exceptionnelle ? Pourquoi s’était-elle réfugiée dans un lieu si isolé ? Et qui envoie à Sarah ces photos d’elle petite fille qui atterrissent mystérieusement dans sa boîte aux lettres ?
Dans ce palpitant thriller familial, Éric Russon s’interroge sur les liens entre les êtres, la désobéissance, et la façon dont l’histoire collective influence les destins individuels.

bottom of page