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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Belle d'amour

Franz-Olivier Giesbert

Gallimard

Mars 2017

374 pages

Historique

Chronique

15 janvier 2018

Le mot de passe est « Dieu est comme un enfant qui nous regarde ».

C'est celui utilisé par la famille de notre héroïne Thiphanie Espinasse, du pays d'Anjou. Et il est vrai que le Dieu de ce livre joue avec le destin des hommes.

Depuis ce jour de 1246, où elle se voit obligée de fuir vers Paris après la disparition de ses parents, Thiphanie à les yeux morts.


« Cherchez bien, vous ne trouverez jamais rien dedans, ni haine, ni remords, ni désir de vengeance. J'ai le regard inexpressif de ceux qui se sont retranchés du monde après avoir trop souffert, trop pleuré, trop vécu. Mais ne vous y fiez pas. C'est une ruse, celle des survivants qui ont décidé de passer inaperçus sur cette terre de brutes....

Je suis belle de nuit le jour

et belle de jour la nuit

On m'appelle Belle d'amour

Parce que je suis belle toujours » .


Tout est déjà résumé dans ces quelques lignes du début. Il est évident qu'être trop belle en ce XIIIème siècle n'est pas une bénédiction, cela peut même vous gâcher carrément la vie. De plus quand on est lettrée, troubadour, musicienne, intelligente, instruite, tout se complique en ces temps troublés de superstition, de peurs imbéciles, d'accusation de sorcellerie en veux-tu en voilà, où l'Inquisition sévit, où enfin Louis IX, ce roi futur saint, capable de lâcheté et d'abomination contre les juifs ou les blasphémateurs, va également lancé avec un courage non démenti la septième croisade pour reprendre Jérusalem.


Cette fresque historique est murmurée à l'oreille du narrateur de 2016, par Thiphanie, pour que la vérité et les raisons de ce départ de milliers d'hommes en Terre sainte soient comprises.

Qui sait encore aujourd'hui que jusqu'à l'an mille, des terres d'Occident étaient encore sous domination arabe, bien après la fameuse bataille de Poitiers en 800 ? Qui a véritablement conscience encore de la rapidité proprement hallucinante avec laquelle les mahométans, les croyants d'une toute jeune religion, ont conquis des terres immenses, étendant leurs pouvoirs par la force sur le monde ?C'est une vérité historique à laquelle sont confrontés les occidentaux du XIIIème siècle. Il y a urgence donc pour eux à reprendre la main, à ce que la chrétienté retrouve sa position. Le roi franc en a conscience et contre l'avis de sa mère omnipotente, va lancer l'avant dernière croisade en Terre sainte.


Cette âme ancienne, Thiphanie, veut prévenir, d'un danger toujours présent aujourd'hui, l'écrivain et ses lecteurs et contemporains ; la lutte contre certains terroristes issus d'une lignée membre de la secte multi-séculaire des assassins est toujours d'actualité. C'est bien un parallèle entre les deux périodes qui constitue un des buts cruciaux de ce roman.


Ainsi nous lisons le texte écrit sous la dictée de Thiphanie, commencé en Anjou, puis poursuivi à Paris sur le Pont Neuf dans la boutique de sa tante pâtissière, et après maints malheurs, viols, esclavage, fuite éperdue pour échapper à ses bourreaux, en route avec son tout nouveau mari pour la première croisade.


Elle deviendra grâce à ses talents de guérisseuse et de traductrice une proche de Louis IX, voyagera en Arménie, en Orient, en Afrique du Nord... Une vie incroyable jusqu'après la huitième croisade racontée avec truculence, érudition, violence et crudité par Franz-Olivier Giesbert. Celui-ci met tout son talent de narrateur aux avis tranchés et à la parole claire et sans détour, afin d'illustrer cette période de troubles tant religieux que politiques du moyen âge et de notre époque toute aussi effrayante.

Rien n'a changé et c'est là le plus terrifiant, les armes ne sont pas les mêmes, la bêtise, l'ignorance et l'aveuglement des terroristes ou assassins sont semblables.


C'est un livre qui fera grincer beaucoup de dents, certes, cependant il est clairvoyant sur beaucoup de points, magistralement construit et documenté, avec toujours cette verve, ce plaisir de la langue, colorée de vocabulaire imagé du passé.

Une héroïne sacrément courageuse, affrontant la cruauté du monde avec un pragmatisme et un bon sens confondants, menant à bien en réalité une mission.... À vous de découvrir laquelle... Une grande amoureuse aussi et humaniste, au sens politique et au talent de diplomatie admirables. Un très beau portrait de femme du Moyen-Âge singulièrement actuelle.

Quatrième de couverture

Experte en amour, pâtisseries et chansons de troubadour, Tiphanie dite Belle d’amour a été l’une des suivantes de Saint Louis et a participé, en première ligne, aux deux dernières croisades en Orient. Mais sa vie, qui aurait pu être un conte de fées, tourne souvent au cauchemar.
Jetée très jeune sur les chemins du royaume après la condamnation à mort de ses parents, elle est réduite en esclavage à Paris d’où elle s’échappe pour répondre à l’appel des croisés, s’embarquer vers la Terre sainte et entamer un voyage d'initiation. Grâce à ses talents de guérisseuse, elle gagnera la confiance du roi avant d’apprendre auprès de lui l’Islam, la guerre et beaucoup d’autres choses.
Épopée truculente et pleine de rebondissements, Belle d’amour raconte un destin de femme mais aussi le Moyen Âge au temps des croisades. Une époque qui rappelle beaucoup la nôtre : politique et religion s’y entremêlent pendant que l’Orient et l’Occident se font la guerre au nom de Dieu.

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