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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Bass Rock

Evie Wyld

Actes Sud

5 janvier 2022

336 pages traduites par Mireille Vignol

Thriller Historique

Chronique

16 juillet 2022

Pour ne pas être totalement perdu au début de ce roman très singulier, je vous conseille de lire la présentation et surtout la quatrième de couverture ci-dessous.


Présentation de l'éditeur :« Et si toutes les femmes assassinées par des hommes au cours de l’histoire devenaient visibles à nos yeux, toutes ensemble ? Si on les voyait toutes étendues par terre. Si on pouvait projeter un hologramme de tous leurs corps aux endroits où elles ont été tuées ? »Naviguant entre les époques, Evie Wyld nous raconte trois destins de femmes liées à un même territoire, celui de North Berwick, petite ville de la côte écossaise. Des femmes ayant subi – comme tant d’autres depuis la nuit des temps – la violence des hommes.


L'île grise, sinistre et menaçante de Bass Rock semble projeter son ombre néfaste sur plusieurs générations de femmes du XVIIIe siècle à nos jours. Ambiance délétère et teintée de fantastique pour ce thriller psychologique, historique et sociétal. L'auteure nous sert de guide à trois époques différentes et le constat est là, insupportable : les violences et maltraitances faites aux femmes perdurent encore et toujours. Brutal ou insidieux, le comportement de certains hommes, fruit d'une éducation orientée, d'un lavage de cerveau patriarcal, de la peur de ne pas être un vrai mâle, de la certitude chancelante d'être supérieur à la gente féminine, détruit des épouses, sœurs, mères, inconnues, « filles », un peu trop indépendantes, trop belles donc forcément tentatrices ou sorcières si ce n'est hystériques, et enferme ces bourreaux dans des rôles de criminels, de harceleurs, de violeurs, de pervers.


Mais on a toujours le choix de dire non et d'écouter sa conscience, son instinct, de ne pas faire perdurer des comportements, des traditions, des modes d'instruction qui peu à peu changent des jeunes garçons en danger pour la société et pour les femmes en particulier.Cela participe-t-il d'une vengeance sur les femmes capables de mettre un enfant au monde, un pouvoir qui longtemps leur a donné une place dominante dans les sociétés lointaines ?


Et si, grâce à la présence tutélaire de toutes les victimes d'hier, témoins de ce que nous traversons aujourd'hui, de ce que nous acceptons de nos amants, parents, compagnons, nous réussissions enfin à être super vigilantes : nous sommes aussi le résultat d'une éducation, d'un lavage de cerveau, de ce que nous voyons partout dans les publicités, les films, les clips vidéo, de ce que nous lisons dans la presse dite féminine bien peu féministe nous reléguant, avec notre consentement non éclairé, au rôle de la poupée, du jouet sexuel, de la victime potentiel. "Pute ou vierge" est encore aujourd'hui appliqué comme mètre étalon à chacun de nos gestes, de nos actes, de nos décisions.


Si nous nous attachions à la notion d'individu, pendant l'enfance, si nous le laissions vivre en amitié simple avec les autres, si en permanence notre genre n'était pas remis sur le tapis mais plutôt ce que nous sommes réellement, essentiellement, l'existence des hommes et des femmes serait tellement plus simple, plus harmonieuse.Ce roman très particulier dans son traitement impressionniste de la question pose toutes ces questions....Douloureux, ténébreux, sans artifice, ultra réaliste, c'est aussi un hymne à la solidarité entre femmes mais également entre les sexes. Nous sommes tous prisonniers de ce patriarcat, de cette misogynie systémique. Trouvons le moyen de nous en défaire.

Je vous rassure, certains moments baignés d'une ironie très anglo-saxonne drolissime, grâce aux personnages de Viviane, de sa mère Bernadette et de sa nouvelle amie Maggie, apportent une légèreté bien venue à un propos grave et essentiel.Déroutant au début pour devenir un livre à lire absolument.

Quatrième de couverture

« Dans l’Écosse superstitieuse du XVIIIe siècle, Sarah, une jeune fille de quatorze ans traquée pour sorcellerie, est secourue par le pasteur du village. Ils prennent la fuite à travers la forêt mais sont rapidement pris en chasse.
Après avoir épousé un vétéran de la Seconde Guerre mondiale père de deux enfants, Ruth part s’installer sur la côte écossaise, au bord de la mer du Nord. Dans sa grande demeure, face à l’îlot de Bass Rock et à ses colonies de fous de Bassan, le bonheur semble à portée de main, et pourtant... Les voyages d’affaires de son mari se font de plus en plus fréquents, et l’étrange présence qu’elle perçoit dans la maison ne fait qu’accentuer son malaise.
Six décennies plus tard, Viviane, une quadra londonienne un peu paumée, retourne dans la maison de vacances de son enfance. Tandis qu’elle y dresse l’inventaire des biens de son aïeule Ruth, des fragments du passé refont surface, éclairant d’un jour nouveau la légende familiale.

Sarah, Ruth, Viviane, un même destin, à travers les années : une vie circonscrite par les désirs des hommes.
Evie Wyld signe ici une saga ensorcelante, peuplée d’esprits et de fantômes, sur la masculinité toxique et la solidarité des
femmes. »

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