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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Aya

Marie-Virginie Dru

Mon Poche

Juillet 2021

221 pages

Roman

Chronique

12 juillet 2021

Premier roman réussi pour cette auteure au style simple, direct, oscillant entre récit et poésie pure, rendant hommage à l'Afrique que nous aimons avec ces ombres et lumières et surtout ses femmes, véritables héroïnes du quotidien qui sauvent, génération après génération, ce continent par leur actes de courage inouï, leur endurance à la douleur, leur puissance de vie, de création, de résistance, malgré les guerres, les oppresseurs, les dictateurs, le patriarcat, les règles sociétales dépassées et misogynes.


Marie-Virginie Dru est amoureuse du Sénégal, comme je le suis de la Côte d'Ivoire où j'ai aussi grandi. Il en reste une nostalgie douce ou douloureuse parfois tant le manque est grand, viscéral, et une complète humilité en tant qu'étrangère qui ne pense pas devoir s'immiscer dans la gestion d'un pays souverain auquel les blancs ont déjà suffisamment imposé de diktats colonialistes. Le double de l'écrivaine est ici Camille, photographe, qui effectivement veut aider et sent tout de même ses limites. Et puis il y a les fondatrices de la Maison Rose à Dakar et les créateurs des associations qui dispensent des formations à des futurs circassiens. Aides aux jeunes femmes ou filles enceintes, victimes de viols, d'inceste, de mariages forcés, auxquelles il faut donner les moyens de reprendre leur destin en main avec leurs bébés...

Pour Aya, qui signifie jeudi en Wolof, jour de sa naissance, le monde du cirque sera son paradis, son issue de secours.


La solution est en elle et non dans son entourage ou dans son île. Elle doit trouver son chemin malgré sa mère folle de douleur depuis la mort de son mari, malgré la disparition du frère parti à l'étranger, malgré l'oncle incestueux Boubacar rôdant sans cesse autour d'elle, malgré Madeleine la voisine qui donnera le signal du départ à cette fillette qu'elle aime tant, malgré l'amour absolu qu'elle porte à Ousmane, son ami de toujours. Alors que ce dernier doit subir le rite de passage qui fera de lui un homme, Aya doit en affronter un autre qui passe par la Maison Rose de Dakar et la découverte du monde, hors du Sénégal.

Un choc des cultures, entre traditions et modernité, entre s'inscrire dans la continuité et se projeter dans un futur inconnu.


Très beau livre, profond, intense, bouleversant, authentique.

Quatrième de couverture

Sur la petite île de Karabane, il aurait pu faire bon vivre pour Aya, jolie fillette de douze ans qui rêve d'Ousmane, son amoureux « pour la vie » en gardant les chèvres du voisin... L'ombre au tableau, c'est son oncle. S'il la viole, ce doit être sa faute à elle, alors elle prie la Vierge Marie pour se faire pardonner. Et quand elle se retrouve engrossée et obligée de s'enfuir à Dakar pour trouver refuge à la Maison Rose, qui soutient des jeunes filles enceintes comme elle, c'est sa foi indéfectible en la vie qui l'aide à aller de l'avant, à apprendre à aimer son fils et se prendre de passion pour le cirque.
Pendant ce temps, son frère, parti tenter sa chance en Europe pour que sa mère soit fière de lui, est devenu ce qu'on appelle un migrant, station Stalingrad, avec un numéro d'immatriculation. Sous le regard indifférent des passants, sa fierté, son nom, il les a oubliés. Reste la honte de n'avoir plus ni rêves ni espérance. Mélodieux comme une chanson douce-amère, ce roman qui touche juste et va droit au cœur met en miroir un frère et une sœur, deux chemins de vie, deux destins sénégalais, l'un tragique et l'autre trouvant la force d'affronter et de s'affranchir.

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