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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Avant que ça commence

Marie-Laure Brunel-Dupin et Valérie Péronnet

Hachette

Le 3 mai 2024

256 pages

thriller policier

Chronique

1 avril 2025

Aux Éditions ‎Hachette dans la collection Black Lab.


Tome 1 des enquêtes de Mina Lacan, profileuse. Le Tome 2 est intitulé " Serrer les dents ". Il sera le sujet de ma prochaine chronique.


" La réalité dépasse la fiction,

car la fiction doit contenir la vraisemblance,

mais non pas de la réalité. "

                                                 Mark Twain 


" Bon anniversaire, colonelle salope ! " 

On dit que la première phrase d'un roman est essentielle, une clef que l'on souhaite tourner ou non. 

Vous vous direz : " Ça commence bien ! " 

et je vous répondrai : " Oui, sacré début pour un thriller singulier mêlant réalité du terrain expérimentée par Marie-Laure Brunel-Dupin, et art de la fiction de l'écrivaine talentueuse et empathique, j'ai nommé Valérie Péronnet. "


Le tandem est détonnant, son œuvre commune passionnante, originale, bouleversant les codes du genre en ce qu'elle s'attache à la vérité d'une profession obéissant à des règles strictes et des protocoles que finalement nous ne connaissons pas. Nombre de séries policières et de romans surfent sur ce filon mais passent à côté de la vérité à force de vouloir faire du sensationnel. Les choses sont plus simples, plus prosaïques et en même temps plus terribles, car le Mal émerge de la banalité. 


Une entrée en matière donc déconcertante, d'autant plus que nous comprenons assez vite que l'action du " prologue " se déroule dans le futur, en 2042, et que notre héroïne, Mina Lacan, est menacée par une inconnue borderline, animée d'une envie violente de vengeance. Mais notre amie ne se souvient pas, ne la remet pas, elle est à la retraite, enfin, après avoir oeuvré toute sa vie à la recherche de la vérité et à la compréhension de l'âme humaine, même la plus noire. 


Un petit retour sur images s'impose donc. Flashbacks, les premiers pas... 

La série est lancée, le décor planté, les acteurs de passage ou récurrents entrent en scène. 


Le récit revient sur des dossiers qui furent traités par Marie-Laure Brunel-Dupin depuis ses débuts difficiles dans la gendarmerie entre misogynie systémique, patriarcat exacerbé de la vieille garde, et suspicion quant à l'utilité du profilage. Ainsi l'Histoire et l'évolution de la criminologie en France depuis 2001 nous est contée grâce au personnage de Mina Lacan, touchante, bourrée de doutes, tenace, diablement intelligente et intuitive, ayant le courage de forcer les portes les plus blindées. Son but : monter un département d'étude des comportements au sein de la gendarmerie. Sa passion, son envie, sa détermination et sa conviction, ont convaincu un haut gradé ; la voici donc catapultée en banlieue parisienne sous les ordres d'un dinausore réactionnaire. C'est pas gagné !


Tissée sur une trame ultra dramatique où la noirceur la plus absolue règne, ce thriller policier, grâce à la maestria inventive de Valérie Péronnet, nous offre aussi des dialogues enlevés, fabuleusement drôles et rafraîchissants, des tournures de phrases et expressions d'anthologie, et toute une galerie de personnages plus attachants les uns que les autres. Amis, famille, ils apportent l'aide nécessaire et indispensable à la jeune femme en totale construction d'un métier et d'elle-même, cherchant à établir des règles tant protocolaires, techniques que psychologiques. Tout est à créer et l'aventure se révèle terriblement impressionnante. 


Et nous sommes sidérés par la façon dont elle réussit, avec ses collègues gendarmes  prenant le risque d'essayer une méthode d'investigation inconnue alors, à dresser un profil, à décortiquer les mécanismes ayant mené au crime, à comprendre les motivations du coupable jusqu'au passage à l'acte. Fruit d'un travail consciencieux, soigné, nécessitant énormément d'humilité, elle fait preuve d'une sacrée maîtrise d'elle-même malgré sa terreur de se tromper. Pour rester ferme face à tous ceux qui doutent ou la méprisent, la petite voix de sa sœur jumelle surgit soudain, goguenarde, pragmatique, encourageante. Moments magiques et à part qui nous permettent aussi de respirer avant de replonger dans les ténèbres. 


Vous l'avez compris : 

Très bon premier opus des enquêtes de cette 

" profileuse " ultra-réaliste, tout est posé, maîtrisé, mis en place, pour que dès le deuxième épisode, on puisse passer à la vitesse supérieure. Aucun ingrédient ne manque à la réussite de ce thriller.


Quatrième de couverture

La première enquête de Mina Lacan, profileuse

« Moi, Hannibal Lecter, il ne me fait pas peur. Il ne me fascine pas non plus. Non. Il me fout la rage. Une bonne vieille rage des familles qui serait capable, pour le coup, de m’empêcher de dormir. Le truc qui te prend dans le ventre, juste en dessous du nombril, et qui ne te lâche plus jusqu’à ce que tout ait été mis à plat, et qu’on sache de façon claire ce qui s’est passé, comment ça s’est passé et si possible pourquoi. Ces mecs-là pensent que c’est eux les patrons. Eux qui décident, qui manoeuvrent, qui fomentent leurs saloperies. Et qu’ils sont si malins, ou si puissants, ou si tarés, que c’est eux aussi qui auront le dernier mot. Ça arrive, mais pas toujours. C’est pour ça que je suis là. Que je veux être là, avec Clarice, Micki, ma chère Lygia et quelques autres rageuses, de plus en plus j’espère. Mon boulot à moi, c’est que ça arrive le moins souvent possible. Qu’on arrête le massacre. Qu’on l’empêche, dans le meilleur des cas. Et qu’on les mette hors d’état de nuire davantage.»

2002. Mina Lacan, 25 ans, passionnée par les sciences du comportement, a convaincu la gendarmerie nationale, où ce métier n’existait pas, de créer pour elle un poste de profileuse. Avant que ça commence est sa première enquête. Si elle ne parvient pas à la résoudre, elle perd tout espoir d’imposer au sein de la Gendarmerie cette façon inédite de travailler.

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