
Éva a lu pour vous ..
Chroniques littéraires
Au feu les pompiers
M.J. Arlidge
Les Escales
Mars 2018
442 pages traduites par Séverine Quelet
Thriller
Chronique
26 avril 2018

« Retrouvez le monde tordu et terrifiant de M.J. Arlidge... » En effet tout brûle dans la ville de Southampton mais également dans la vie de Helen Grace. Décidément après Ams Tram Gram, Il court il court le furet et La maison de poupée, on espérait vraiment qu'elle s'en sortirait, mais il y en a, comme ça, qui ne parviennent pas à se pardonner et continuent à se flageller, se scarifier, pour dévier la douleur mentale sur une partie du corps. Elle a beau s'acharner, en appeler même à des tiers, le Mal est bien incrit en elle et la brûlure des souvenirs est cuisante. Comme celle qui cette fois lèche les corps de suppliciés pris au piège dans leurs maisons devenue bûchers. Six incendies en 24 heures, deux morts, plusieurs blessés dont une petite fille entre la vie et l'au delà. Et ce n'est pas fini... Quelqu'un a un message à passer en lettres de feu. Helen et les brigades de pompiers sont pris de vitesse par la rapidité d'exécution du criminel. Toujours deux incendies d'entreprises et un d'une habitation particulière. Les premiers utiles à dévier l'attention... Tout devient cendre, et bien qu'épaulée par son équipe constituée entre autres de Sanderson et Charlie, qui reprend juste du service, le pyromane a toujours une longueur d'avance sur Helen. Toute la population a les yeux braqués sur elle, largement influencée par les articles incendiaires d'une journaliste ambitieuse et amorale. Malgré l'urgence de la situation cependant, Helen ne réussit pas à freiner ses plus bas instincts et met tout le monde en danger. Son nouveau patron, au comportement collant et troublant n'arrange pas les choses avec son omniprésence et son onctuosité inquiétante. Helen va devoir faire montre de beaucoup d'empathie pour comprendre les motivations du coupable, qui de par ses actes terribles n'appelle à aucune compassion. L'excuser, certainement pas, seule la compréhension du mécanisme menant au passage à l'acte, afin d'avoir une vision claire des tenants et aboutissants, intéresse Helen. Bien consciente de ses propres failles, elle ne peut entériner la bascule vers le crime sous prétexte d'une trop grande douleur intime.
Une vraie menace plane sur cette ville, sur l'équipe d'enquêteurs, et évidemment sur notre héroïne, une menace qui dès la dernière page tournée, devient plus sombre et malsaine. Du bel ouvrage que ce policier ; les descriptions des brasiers, des supplices, sont terrifiantes de vérité, monstrueuses. Le montage de toute l'affaire également est malin et nous réserve de beaux retournements. On croit savoir et puis tout se consume, nos certitudes en cendre. Les personnages sont toujours aussi attachants, parfaitement reliés les uns aux autres, c'est psychologiquement plus que crédible. Quant à la sensation d'un danger permanent, elle est créée avec virtuosité. L'auteur sait très bien où il va, et ouvre déjà la porte à la suite des enquêtes de Helen, Charlie, Sanderson.