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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Arène

Négar Djavadi

Liana Levi

Août 2020

425 pages

Historique et Thriller

Chronique

25 octobre 2020

Prodigieux et terrorisant ! Prémonitoire ?


Prélude :

« C'est la fin qui est le pire, non, c'est le commencement qui est le pire, puis le milieu, puis la fin, à la fin c'est la fin qui est le pire. » Samuel Beckett, L'innommable.


Puis après cette introduction au drame, à la tragédie, comme pour une symphonie pathétique, les différentes parties de ce récit s'intitulent :

Moderato, Crescendo, Furioso, Postlude. L'écrivaine, chef d'orchestre de cette oeuvre percutante, allumée, atemporelle et en même temps férocement contemporaine, nous entraîne dans un récit insupportable de cruauté, de vérité et de pertinence.


Et nous avons très peur, comme des victimes au centre d'une arène, piégées dans un jeu dont elles ne comprennent pas les règles. Même Négar Djavadi, à l'instar de ses personnages, en bégaie, truffant son texte de plages d'apnée, de suspensions, de vides... Comme s'il n'y avait plus de mots, que les neurones cramaient à l'écoute de cette partition de hard music urbaine...


Un livre minutieusement construit, pensé, mené où l'obscurité dispute le moindre espace à la lumière, où chaque protagoniste répond au stimuli instinctivement, en réaction et non en clairvoyance. D'où des fuites effrénées, le coeur battant, alors que peut-être il n'y avait pas lieu de paniquer. Mais voilà, malgré l'éducation, les études, les diplômes, la nationalité française, la réussite, il suffit d'un regard, d'une interprétation erronée pour que des évènements terrifiants s'enchaînent, aussi rapides et dévastateurs qu'un feu dans une forêt déjà frappée par la sécheresse.


Sécheresse des sentiments, de ces cités dortoirs où des générations de migrants et de français modestes se retrouvent à vivre dans une promiscuité vite insupportable si des règles claires ne sont pas établies, si l'humain est oublié. Mais l'état français les a-t-elle expliquées ces règles, ces devoirs, ces droits de chaque citoyen français issu ou non du métissage, du brassage des peuples dans cette République démocratique laïque.... On en doute !


Intégration, assimilation.... Tout cela est flou.... Seul est clair le malaise et le mal être de ces populations dans une France qui se croit encore quelques fois blanche et catholique.... À quand le réveil, l'égalité de chances pour tous ?

Alors tout se fracture, les règles sont établies par les bandes, les gangs qui en profitent, et tragiquement les gamins sont entraînés dans une spirale... On se prend à penser que les milliers de condamnés suppliciés au gibet de Montfaucon murmurent toujours aux oreilles des caïds, des voyous, des forces de l'ordre... Qu'ils se vengent à travers les siècles ou que leurs auras négatives ont imprégné tous les quartiers environnants.


La révolte va incendier les arrondissements bourgeois et protégés de la capitale, c'est une guerre urbaine qui va être déclarée intra muros à l'est de la Cité. Paris devient arène, les réseaux sociaux deviennent cirque où nulle loi n'est plus respectée.


Un roman tragiquement et fabuleusement envoûtant, autant qu'un incendie... Négar Djavadi vous emporte dans les flammes avec elle. À lire.... Ainsi que Désorientale son premier roman.


Une voix incontournable, exceptionnelle... Faisons en sorte de l'écouter et de ne pas l'ignorer telle une nouvelle Cassandre

Quatrième de couverture

Benjamin Grossman veut croire qu'il a réussi, qu'il appartient au monde de ceux auxquels rien ne peut arriver, lui qui compte parmi les dirigeants de BeCurrent, une de ces fameuses plateformes américaines qui diffusent des séries à des millions d'abonnés. L'imprévu fait pourtant irruption un soir, banalement : son téléphone disparaît dans un bar-tabac de Belleville, au moment où un gamin en survêt le bouscule. Une poursuite s'engage jusqu'au bord du canal Saint-Martin, suivie d'une altercation inutile. Tout pourrait s'arrêter là, mais, le lendemain, une vidéo prise à la dérobée par une lycéenne fait le tour des réseaux sociaux. Sur le quai, les images du corps sans vie de l'adolescent, bousculé par une policière en intervention, sont l'élément déclencheur d'une spirale de violences. Personne n'en sortira indemne, ni Benjamin Grossmann, en prise avec une incertitude grandissante, ni la jeune flic à la discipline exemplaire, ni la voleuse d'images solitaire, ni les jeunes des cités voisines, ni les flics, ni les mères de famille, ni les travailleurs au noir chinois, ni le prédicateur médiatique, ni même la candidate en campagne pour la mairie. Tous captifs de l'arène : Paris, quartiers Est.

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