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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Apprentis en politique de François 1er à Robespierre

Dominique Jamet

De Borée Histoire & Documents

11 mars 2021

293 pages

Essai et document

Chronique

10 juillet 2021

« Gouverner, un art, un métier... Un don ?


Texte porté par un homme de conviction, érudit, précis, sans concession, au regard acéré, au verbe haut, à la plume somptueuse. Ironique, passionné, convaincu, cherchant à traiter honnêtement des différents aspects d'un personnage historique avec le plus de justesse possible, d'impartialité... il n'en reste pas moins que ce texte, ces avis tranchés peuvent surprendre, voire peut-être choquer. En ce qui me concerne, étant donné le sérieux de la démonstration, (même si je trouve certaines comparaisons répétitives avec Hitler quelque peu exagérées et non fondées... pourquoi pas Staline, tout aussi génocidaire que le premier ?), j'ai pris un réel plaisir et intérêt à lire ce livre qui met en lumière finalement l'éternel amateurisme de tous ces hommes d'État par la grâce de la naissance ou de la Révolution, des êtres humains qui tous sont atteints d'une forme plus ou moins aggravée de mégalomanie, qui accumulent bourdes, erreurs de jugement, qui malheureusement impactent dramatiquement la vie des peuples de leurs temps et futurs. Car les fautes d'aujourd'hui se répercutent sur des générations et des générations avec des conséquences gravissimes : les guerres de religions trouvant leur origine sous François 1er jusqu'à la Terreur de la Révolution et la fin de la monarchie absolue initiées par les décisions désastreuses d'un Louis XIV irresponsable.


Tous en prennent pour leur grade dans cet ouvrage même si certaines circonstances atténuantes peuvent être évoquées quant à une enfance horrible, un passé traumatisant etc... Cependant pour certains, la bêtise et la crânerie sont insupportables. Certains romans ou biographies très réussis ( La trilogie consacrée au chevalier Bayard de Éric Fouassier avec une description inoubliable de la bataille de Marignan, ou l'enfance de Louis XIV racontée par François-Guillaume Lorrain pour n'en citer que deux) abordent plus en détail et longuement ce qui, ici, est brossé à grands coups de pinceau nerveux, rapides, avec brio et assurance.

Le seul qui trouve grâce aux yeux de Dominique Jamet est Louis XIII qui aura effectivement l'intelligence de reconnaître ses limites, de savoir s'entourer et trouver un mentor et un guide à la hauteur de la tâche.


Pour les autres, la critique et l'état des lieux sont terribles, quelques fois un peu outranciers. J'ai particulièrement apprécié la copie du discours complet que Saint-Just devait initialement lire à la Convention nationale. Savoureux !


Donc après les portraits de François 1er, Louis XIII, Louis XIV, Louis XV et Louis XVI, suivent ceux qui briguèrent les plus hautes fonctions tablant sur le formidable ascenseur social et politique que pouvait être la Révolution.


« La Révolution, ce n'est pas seulement un changement de régime, c'est un changement de société. C'est la substitution de l'élection par les hommes à l'élection par Dieu, l'exclusion ( temporaire) de Dieu et de l'Eglise de la sphère publique, le remplacement, au moins théorique, de la faveur et de la naissance par le talent et le mérite, l'égalité des droits, sinon des chances, l'accession d'une couche nouvelle, la bourgeoisie, au pouvoir politique, économique et culturel.

C'est aussi une volonté prométhéenne de changer non seulement le monde, mais l'homme, et d'imposer la vertu par la terreur. C'est un gâchis sanglant de talents, d'énergie, d'espérances et de vies. Ce sont, sous couvert de principes admirables, des pratiques cannibales. »


Et aujourd'hui, qu'en est-il ? Sommes-nous prêts à une nouvelle Révolution ? À une refonte de notre système afin d'être aptes à nous projeter dans l'avenir en tournant le dos à un système politique, économique et social dépassé, à cet ultralibéralisme criminel, contraire à la défense des droits de chaque être humain. Sommes-nous encore en démocratie ? Les présidents n'ont-ils pas tous été des éternels débutants, apprentis, amateurs à l'égo surdimensionné qui ont pris les français pour les cobayes de leurs essais politiques divers et variés ?

La gouvernance d'un pays n'est-elle pas chose trop sérieuse pour la laisser entre les mains des hommes politiques ou plutôt des politicards ?


Quoiqu'il en soit, cet ouvrage nous porte à nous poser les bonnes questions, à prendre des distances quant aux événements actuels qu'il faut réussir à analyser grâce aux outils que l'étude de l'Histoire nous met à disposition.

Merci aux Éditions de Borée et à Eric Poupet pour leur confiance renouvelée.

Quatrième de couverture

Qu'est-ce que le pouvoir ? Le choc, d'une ambition et de la réalité. La conquête du pouvoir est parfois une partie de plaisir, mais la prise de pouvoir ne couronne trop souvent que la reine d'un jour. « C'est maintenant », disait Léon Blum, au lendemain de la victoire du Front populaire, « que les difficultés commencent ». Car l'exercice du pouvoir est une impitoyable épreuve de vérité, au prisme de laquelle se forgent l'image, la légende, noire ou dorée, la gloire ou la honte de son détenteur. Certains, qui savent se gagner et conserver le cœur d'un peuple, laissent une trace où se conjuguent l'admiration et le regret. D'autres échouent de leur vivant, puis dans l'histoire. Christopher Clark, auteur d'une étude sur ces dirigeants de rencontre qui, les yeux grands fermés, conduisirent l'Europe et le monde à la Première Guerre mondiale, les englobait sous le nom de «somnambules ». Dominique Jamet évoque ici quelques-uns de ces gouvernants, parvenus au sommet par la grâce de l'hérédité ou du hasard, par la violence ou par l'élection, trop jeunes, mal préparés, mal formés, politiquement inexpérimentés, trop sûrs d'eux-mêmes ou dépassés, qui n'ont pas été à la hauteur de la charge écrasante qu'ils avaient briguée ou reçue.

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