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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Ahlam

Marc Trévidic

JC.Lattès

2016

324 pages

Historique

Chronique

15 juillet 2019

Ahlam signifie les Rêves.Prix Maison de la Presse 2016,Ce roman a plus d'impact que n'aurait eu un essai ou un documentaire sur le Printemps tunisien, sur les attentats que nous avons tous gardés en mémoire et pour les victimes dans leur chair, sur les destructions des sites historiques inestimables pour l'humanité par des islamistes intégristes.Laurent Gaudé dans « Écoutez nos défaites » et Yasmina Khadra dans « Khalil » traitent tous deux avec sensibilité et précision de ces sujets, mais il est vrai que je n'avais toujours pas eu de réponse quant à la nécessité pour ces terroristes de détruire la beauté et les traces de leur propre histoire.


Marc Trévidic apporte donc l'explication qui me manquait, nous rapporte la parole et les justifications folles de ces âmes perdues quant à leurs attaques contre des vestiges ou même contre des œuvres et artistes contemporains....


La beauté pour eux n'est pas le bien, elle est l'outil, l'arme utilisée par le shaytan, le diable, pour dévoyer les bons musulmans. Les artistes sont des mécréants, quelle que soit leur discipline, même chanter une berceuse à son enfant est sacrilège. Evidemment la femme par sa séduction, ses charmes, est impure, tentatrice, et en tant qu'inférieure à l'homme, elle doit se taire, se cacher sous des voiles noirs, rester chez elle. Ajoutez à cette description glaçante, celle de l'embrigadement de jeunes même éduqués, et de la mise en place des outils pour une guerre terroriste nouvelle, via internet et le Dark web, phénomène très bien expliqué aussi dans le dernier opus de Daniel Silva « La maison aux espions ».


Ainsi la petite fille, Ahlam, au nom prédestiné, qui va rencontrer Paul le peintre français lorsqu'elle sera enfant, deviendra le symbole de cette Tunisie qui se bat pour se libérer du joug d'un gouvernement corrompu et des islamistes intégristes ; elle sera aussi la figure de lance des femmes œuvrant pour retrouver le statut d'égale à l'homme, acquis sous Bourguiba et perdu avec le nouveau régime. Elle incarne enfin la Tunisie ancrée dans le monde d'aujourd'hui, ayant un poids sur le plan international, tout en préservant ses richesses culturelles et historiques. Regarder vers l'avenir tout en sachant d'où l'on vient.


Face à cette Tunisie se dressent des forces se complaisant dans l'obscurantisme, le Moyen Âge, dans la manipulation des opinions et de la pensée, pire, des textes sacrés, comme le font tous les intégristes de toutes confessions. Issam, le frère d'Ahlam, sera le jeune embrigadé alors même qu'il a touché à la liberté qu'offre la culture, l'art, la création...


Un livre terriblement beau, un drame absolu, servi par une plume magnifique, souvent poétique, et le récit aussi de l'Amour immense pour un homme, une femme, des enfants, un peuple, une terre.


l'Art comme une arme contre le terrorisme, évidemment.... Continuons à rêver et armons- nous !

Quatrième de couverture

« Lorsqu'en 2000 Paul, célèbre peintre français, débarque à Kerkennah en Tunisie, l'archipel est un petit paradis pour qui cherche paix et beauté. L'artiste s'installe dans « la maison de la mer », noue une forte amitié avec la famille de Farhat le pêcheur, et particulièrement avec Issam et Ahlam, ses enfants, incroyablement doués pour la musique et la peinture. Peut- être pourront-ils, à eux trois, réaliser le rêve de Paul : une œuvre unique et totale où s'enlaceraient tous les arts.
Mais dix ans passent et le tumulte du monde arrive jusqu'à l'île. Ben Ali est chassé. L'islamisme gagne du terrain.
L'affrontement entre la beauté de l'art et le fanatisme religieux peut commencer. »

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