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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Adieu fantômes

Nadia Terranova

Editions De La Table Ronde

2019

230 pages traduites par Romane Lafore

Roman

Chronique

11 février 2020

Finaliste du Prix Strega 2019.Tout est parfaitement résumé dans cet avis de l'éditeur. J'ajouterai juste que j'ai effectivement trouvé ce texte d'une grande sensibilité et profondeur, ( ayant vécu moi-même la situation d'être en tête à tête avec ma mère pendant quelques années), mais aussi très violent. C'est dur, déboussolant de faire partie d'un tandem mère-fille dysfonctionnel. J'ai ressenti à nouveau le malaise, la tristesse, la solitude, l'incompréhension, générés par cette relation conflictuelle imposée. Egalement, avant la disparition du père ici évanoui du jour au lendemain, la mère fait porter à sa fille un poids énorme, une responsabilité impossible à gérer à l'adolescence. Et évidemment Ida n'y arrive pas, se sent nulle, incapable.


La mère, dans l'urgence, ne prend pas les bonnes décisions, ne sait pas communiquer avec sa gamine, elle-même dans l'obligation de tout gérer, son mari étant dépressif, incapable d'assumer ses rôles de père et de mari. La mésentente avec sa fille prend racine dans ces années de malheurs pendant lesquels aucun des membres de la famille ne réussit à mettre des mots sur ce qu'il ressent.

Ida se forge une personnalité taiseuse, solitaire avant et après la disparition mystérieuse de son père. Surdouée, elle n'a qu'une amie, à laquelle elle impose son mal être. Elle commence déjà à endosser le rôle de la victime malheureuse des circonstances. Et même après son départ pour Rome, elle continuera à tisser des liens avec les autres où elle est celle qu'il faut aider, protéger. Son mari est celui qui sera son sauveur. Le jeu est faussé indubitablement.


Ainsi l'appel de sa mère lui demandant de venir trier ses affaires en vue de la vente de leur appartement à Messine, est peut-être l'élément déclencheur d'une révision de son mode de fonctionnement. Egalement, vivant en apnée depuis le départ paternel, ayant choisi une profession lui permettant de raconter des histoires à la radio, en réalité autant de solutions au mystère entourant la disparition de son père, va-t-elle pouvoir enfin tourner la page définitivement ?

Entre souvenirs d'enfance, disputes permanentes avec sa mère, gestion du quotidien, tentatives de raccrocher les wagons avec son amie, analyses de sa vie actuelle, de son couple, de ses choix, remise en question de son interprétation des évènements tragiques survenus voici 23 ans et du comportement maternel, Ida va opérer une métamorphose radicale sans concession pour elle-même.

En effet, Nadia/Ida ne se donne pas le beau rôle, elle est honnête... Conditions obligatoires pour, à 36 ans, passer enfin à l'âge adulte....


Et puis il y a cette boîte rouge cachée dans sa chambre qu'elle doit récupérer, réouvrir.....Beau texte sensible en effet, violent comme l'adolescence, sans zone d'ombres.... Remarquablement écrit et traduit.

Quatrième de couverture

Messine est la ville natale d’Ida. Elle y revient pour aider sa mère à faire du rangement avant l’intervention des ouvriers sur la terrasse de l’appartement où elle a vécu toute son enfance. Elle a trente-six ans, une vie à Rome, un mari, mais le passé a choisi ce moment pour ressurgir : vingt-trois ans après la disparition de son père, vingt-trois ans après ce matin où un homme rongé par la dépression a quitté le domicile familial sans rien laisser derrière lui, vingt-trois ans après que son corps s’est évaporé dans la nature, que son nom est devenu tabou, que son souvenir s’est mis à hanter les murs sous forme de taches d’humidité. Seule face aux fantômes de la maison, Ida devra trouver le moyen de rompre le sortilège pour qu’enfin son père puisse quitter la scène.
Entre les souvenirs de jeunesse d’Ida et son récit d’adulte se tisse un roman d’une grande sensibilité, ponctué d’humour dans les dialogues mère-fille.
Un deuxième roman sombre et introspectif où l’on retrouve ce qui faisait la beauté du précédent, Les Années à rebours : la finesse de l’observation des liens familiaux dans des familles frappées par le drame, le bonheur des choses simples même dans le chaos.

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