
Éva a lu pour vous ..
Chroniques littéraires
A tire d'elle - 1973
Pascal Ruter
Actes Sud Junior
Mars 2020
208 pages
Jeunesse Historique
Chronique
17 octobre 2020

« Roman de formation, chronique touchante d’une époque – celle des vinyles, des VHS et des cabines téléphoniques –, mais ne dit-on pas que l’adolescence est éternelle... »
Un roman doux amère sur le passage à l'âge adulte, qui semble intemporel tant les sentiments et interprétations de l'héroïne de ce récit sont en écho de ce que nous avons pu éprouver lorsque nous avions seize, dix-sept ans. Cette année de seconde sera pour la toute jeune fille bientôt femme celle du deuil de l'innocence, de l'enfance, mais aussi de la mélancolie face à ce qui ne reviendra jamais, à la fin inéluctable de certaines choses.
Les yeux s'ouvrent peu à peu sur la vérité de la vie, sur l'absence de certitudes, de sécurités. Ce sont les années Giscard d'Estaing qui débutent, la crise, le chômage, les chocs pétroliers.
C'est aussi une jeunesse dont les parents, les proches, les professeurs ont vécu l'occupation nazie, et pour certains les camps. Les blessures ne sont pas fermées, la parole n'est pas libre sur ce sujet, et les lycéens de ce roman le ressentent fortement même si insidieusement....
J'ai admiré l'empathie, la délicatesse et la finesse d'analyse de l'auteur capable de se mettre parfaitement dans la peau d'une jeune fille un peu paumée, à un moment particulier de sa vie intime et de future adulte.La bande son est très importante même centrale, rockeuse, nerveuse, précipitée.Les parents et encadrants sont tout aussi perdus et les rôles s'inversent, les plus jeunes faisant soudain preuve d'une sagesse étonnante, d'un sens des responsabilités et d'une puissance d'analyse remarquables.
Un livre pour la jeunesse et +, tout en ombres et lumières, un très beau roman d'amour aussi plein d'espérance.... L'année de tous les choix s'ouvre donc pour Solweig... Suivez-la !
Un extrait :
« On avait emporté la cassette de Jefferson, et les mains de Valentin frappaient sur le volant pendant que Julie et moi on criait Don't you want somebody to love à cause de l'électricité que répandait toujours ce morceau. Nous n'empruntions que les petites routes pour éviter les contrôles. Nous n'avions rien à faire dans une bagnole. Nous aurions dû être au lycée. Mais, voilà, nous sommes allés au bout, jusqu'à la mer. »