Tout à fait passionnant et savoureux ! Je me suis régalée de ces diableries folkloriques et légendaires étonnantes, drôles, cocasses, recueillies par l'auteur auprès d'habitants de différentes régions où dans les archives. Il est assez incroyable de constater que les mêmes thèmes ou des variantes légères de la même histoire se retrouvent dans des coins de France ou de Belgique très éloignés les uns des autres.

L'image de Satan du "Faust" de Gounod est largement écornée voire pulvérisée. Évidemment, son but premier est de récolter des âmes pour peupler l'Enfer. Mais les moyens utilisés sont parfois assez lamentables, inefficaces voire ridicules, ses stratagèmes largement déjoués grâce à l'intelligence, en premier lieu, des femmes et épouses qui veillent au grain et rattrapent les bourdes de leurs imbéciles de maris, des curés et autres religieux, des paysans roués...

Pour obtenir la fameuse signature sur le contrat qui doit lier les futurs damnés à Belzébuth, ce dernier propose des services : bâtir des ponts, des châteaux, des granges, marier la fille d'un homme ruiné, acheter contre une bourse d'or un orgue portatif à un luthier vénal qui deviendra l'orgue de barbarie dit-on !

Il se présentera sous les traits d'un superbe jeune homme richement vêtu ou d'un monstre, mi homme, mi bouc.. il est suivi généralement de diablotins et autres créatures infernales comme les chats bien sûr... Il aime danser, boire plus que de raison, jouer...

Il favorise la bière au vin évidemment utilisé pour les messes, mais on le dit à l'origine de la création du Beaujolais par exemple et même du champagne !... Du tabac aussi...! Il se prend soudain pour un propriétaire terrien, quitte à voler le lopin d'un autre, veut cultiver ses champs, et finalement se fait rouler dans la farine par le matois paysan au moment du partage de la récolte.

J'ai beaucoup ri devant ses bijoux de la tradition orale et écrite ainsi préservés, tant la drôlerie habite ces textes : les humains sont rusés, inventifs, tenaces, imaginatifs face au Mal. Le Diable gagne parfois mais perd aussi souvent : pensezvous, il ne sait pas bien lire le contrat qu'il signe, le pauvre, et souvent il suffit de réveiller le coq de la basse cour avant paiement de la dette au petit matin, pour qu'il fuit soudain, penaud, déshonoré, moqué par les villageois, paysans, curés.

Enfin et je l'ai appris ici, il est incapable d'apprendre le basque, lui le polyglotte ! Quel idiot ! Plus stupéfiant encore, il se montre quelques fois magnanime et passe même des accords avec Dieu ! Insensé !

Fabuleux recueil donc que ce beau livre illustré surprenant, goûteux et d'utilité publique par le rôle de préservation de notre patrimoine oral, en particulier. Vous sortirez de cette lecture avec le sourire, attendris peut-être par quelques réminiscences de votre enfance et de vos livres ou récits de jeunesse transmis par les anciens de votre famille, plus riches de connaissances indispensables à la compréhension de l'évolution de toute société, des mentalités....

C'est l'histoire de nos aïeux, superstitieux ou éclairés, courageux ou pleutres, seigneurs ou paysans, (une mention particulière concernant les Templiers toujours méprisés...!) qui nous est offerte, magnifiée par de belles illustrations. De ses légendes et de ce folklore, à l'instar d'une gazette, nous pouvons prendre la température sociale de l'époque, comprendre les modes de pensée, loin des vérités assenées dans les manuels d'Histoire. É-PA-TANT !!!