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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

Ör

Audur Ava Olafsdottir

Zulma

2017

236 pages traduites par Catherine Eyjólfsson

Roman

Chronique

17 avril 2018

L'islandaise Audur Ava Olafsdottir a été révélée au public avec « Rosa Candida » où déjà son talent à exprimer des choses sensibles et complexes simplement étonnait et ravissait. Elle nous amène lentement mais sûrement vers l'émerveillement et l'espoir. Son credo : le miracle renouvelé au quotidien de la vie, d'être en vie.


Son style est simple, direct, sans fioriture, et parle à tous universellement. C'est de la magie, c'est incroyable.Ör signifie « cicatrices ». C'est un nom neutre. Il est identique au singulier et au pluriel. Il est utilisé pour le corps humain, mais aussi un pays, un paysage détruit par de grands travaux ou par exemple une guerre.


« Nous sommes tous porteurs d'une cicatrice à la naissance : notre nombril - qui constitue pour certains le centre de l'univers. Au fil des années s'y ajoutent d'autres cicatrices. »


Notre héros, Jonas Ebeneser, lui en a sept, chiffre assez normal. Il faut sept ans à un corps pour renouveler ses cellules, un hasard.


Les cicatrices, si nous les regardons en face, si nous les affrontons et ne les cachons pas, disent que nous avons réussi à survivre, que nous sommes des résilients. Encore plus si nous arrêtons de regarder notre nombril.


Mais en début de ce parcours, qui sera initiatique et non suicidaire, comme le souhaiterait Jonas, celui-ci va mal, très mal. Divorcé depuis 6 mois, sa fille Gudrun Nymphea n'est en fait pas sa fille. Joli cadeau de séparation de son ex Gudrun n°2 que cet aveu !

Sa mère Gudrun n° 1 perd la tête et ne le reconnaît pas.Il se fait tatouer, en réaction épidermique, un grand nymphéa de son nombril à son cœur, histoire de porter sa fille toujours sur lui, puis prend la décision d'en finir ; il imagine comment faire et évidemment il lui apparaît impossible d'imposer la vue de son cadavre à sa fille. Il n'espère plus grand chose des 3 Gudrun mais tout de même.


Donc il choisit de partir, pas dans un lieu idyllique, non, mais dans un pays ravagé par une guerre, ou le cessez le feu est récent. Un mort de plus ne devrait pas déranger dans un tel endroit.Il part avec une caisse à outils et une perceuse en bandoulière. Cette perceuse destinée normalement à faire le trou où visser le crochet pour se pendre, va en réalité être une clef, un sésame vers .....


C'est un joli roman, fable ou conte, extrêmement poétique, juste, sensible, drôle, original, d'un anti héros, en quête de lui- même et de compréhension de son rôle sur terre. A méditer au moment de la lecture à haute voix, puis plus tard par vagues.

Quatrième de couverture

« Je n'ai pas touché la chair nue d'une femme — pas délibérément en tout cas —, je n'en ai pas tenu une seule entre mes bras depuis huit ans et cinq mois, c'est-à-dire depuis que Guðrún et moi avons cessé de coucher ensemble, et il n'y a aucune femme dans ma vie, en dehors de ma mère, mon ex-femme et ma fille — les trois Guðrún. Ce ne sont pourtant pas les corps qui manquent dans ce monde et ils ont assurément le pouvoir de m'émouvoir de temps à autre en me rappelant que je suis un homme. »
Sans plus de réconfort à attendre des trois Guðrún de sa vie — et inspiré par sa propre mère, ancienne prof de maths à l'esprit égaré, collectionneuse des données chiffrées de toutes les guerres du monde —, Jónas Ebeneser se met en route pour un voyage sans retour à destination d'un pays ravagé, avec sa caisse à outils pour tout bagage et sa perceuse en bandoulière.
Ör est le roman poétique et profond, drôle, délicat, d'un homme qui s'en va, en quête de réparation.

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