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Éva a lu pour vous ..

Chroniques littéraires

 La mort d'Euripide

Aleksandar Gatalica

Plan B

Le 8 janvier 2024

96 pages traduites par Zivko Vlahović

roman

Chronique

4 août 2025

En premier lieu est le plaisir gustatif de la sonorité des mots, de la langue d'Aleksandar Gatalica, puis vient l'interrogation : pourquoi s'adresse-t-il à Euripide ? Quelle légitimité peut bien revêtir cet figure célébrissime pour lui ? Est-ce sa vie, ses expériences, ou le fait qu'il soit un des trois grands tragédiens de l'Athènes classique, avec Eschyle et Sophocle, une référence indiscutable ?


Euripide (en grec ancien Εὐριπίδης / Euripídês), né vers 480 avant J.-C. en Salamine et mort en 406 avant J.-C. en Macédoine, est peut être en effet un maître es tragédie et autres drames, ayant analysé, imaginé, retranscrit, concocté des scénarios effarants. 

En se confiant ainsi à cette figure antique, le narrateur qui fut aussi son traducteur, connaissant donc intimement l'œuvre du grand homme et sa biographie, cherche à se libérer d'une histoire lourde, portant en elle la noirceur de toute tragédie. 

Le temps est donc suspendu entre l'époque d'Euripide et celle de notre guide. Nous entrons dans l'atemporalité.


Le décor se dresse principalement à Venise semblant être un personnage à part entière de ce récit, cité portant sur ses murs les cicatrices des malheurs passés. 

Trois séjours en la Sérénissime sont évoqués ; en 1911, il croise un homme en costume blanc, intrigant, inquiétant, plus une ombre qu'un être de chair, comme un revenant. Il n'est pas le seul à hanter notre héros involontaire de cette destinée bouleversée, comme soufflée, par les grands cataclysmes de l'Histoire du XXe siècle.

Que de souffrances indicibles, que de guerres, que de conflits intimes, que d'incompréhension et de sidération face à la barbarie, à l'horreur, à l'absence d'humanité en certaines périodes de notre parcours commun. 


Le narrateur cherche à comprendre ce qui lui est arrivé, ce qui est advenu de tous ces enfants, femmes et hommes emportés par la tempête. 

Il s'interroge également sur les choix de sa mère, de ses compagnons en particulier, tous deux fascistes au service du Mal absolu. Il pleure encore son petit frère Nebo disparu trop tôt, une mort inacceptable, violente de par sa soudaineté.


Il ne cherche pas seulement des éclaircissements auprès d'Euripide mais aussi dans l'Art sous toutes ses formes : l'architecture, la musique, l'opéra, le cinéma, la littérature. Certains personnages fictifs semblent ainsi se mêler aux protagonistes réels de sa vie, tel cet homme de Venise. 


Les frontières entre réalité et fiction s'atténuent ; cela apporte un certain soulagement, une forme de consolation. 


Un ouvrage à part, singulier, foisonnant, crépusculaire, parfois traversé par une lumière aveuglante et bienfaitrice.

Quatrième de couverture

L'histoire d'une mère magnifique. De Nébo, le petit frère. De deux beaux-pères fascistes, l'un italien, l'autre hongrois. Un cours sur l'éthique alors que le narrateur rencontre Euripide dans la cité des Doges, sous l'oeil d'un mystérieux personnage en costume de lin blanc - qui n'est pas sans rappeler le Gustav von Aschenbach de La mort à Venise.

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